Des chambres froides solaires du PNUD boostent la résilience des femmes

Utilisation productive de l’énergie durable au Burkina

3 juillet 2023

Une chambre froide d’une capacité de 35 m3 et une unité complète de fabrique de glace alimentaire de 2m3, alimentées grâce à un système hybride d’énergie, aident à briser le cycle de la pauvreté chez des femmes de Kaya, ville située dans la région du Centre-Nord du Burkina Faso.

 

La chambre froide de Kaya réalisé par le PNUD

Des panneaux solaires disposés sous forme de toiture abritant la plateforme et d’un lot de batteries de stockage apporte le jus électrique en continu,  suppléés l’électricité conventionnelle la nuit et en l’absence de soleil. Grâce à cette hybridation, l’ensemble des équipements en pleine charge consomme en moyenne entre 3000 et 4000 FCFA d’énergie par jour. 

 

Rétrocédée à la mairie de Kaya, l’unité est gérée par l’association Sougri Nooma (en langue nationale mooré, qui signifie le pardon est bon) des vendeuses de fruits et légumes. L’association compte 79 membres dont de nombreuses personnes vulnérables, notamment des veuves, des femmes en situation de handicap et des personnes déplacées internes (PDI).

 

Les principales activités menées par les femmes consistent à la fabrication et à la vente de glaces et la conservation/vente de fruits et légumes. Elles achètent les fruits auprès de grossistes, les conservent jusqu’à murissement avant de les revendre aux détaillants. 

Aussi, elles font de la location d’espace à de tierces personnes pour la conservation des fruits et légumes en raison de 3000 FCFA par m3/nuit ou 200 FCFA/nuitée par caisse.

 

800 000 F CFA de revenu mensuel

L’activité de vente de glaces apporte environ 600 000 FCFA/mois et la conservation/revente des fruits et légumes en moyenne 200 000 FCFA/mois. Le comité de gestion de l’Association a ouvert un compte auprès d’une institution de microfinance à Kaya où sont versés de façon régulière les recettes après déduction des charges. L’activité a évolué de façon fulgurante au fil des huit mois (08) d’activités avec des bénéfices passant de 310 500 FCFA en Août 2022 à 720 600 en mars 2023. Au vu du contexte sécuritaire de la localité, une forte recommandation a été faite au comité pour digitaliser les différentes transactions financières.

Les 79 femmes marchandes bénéficiaires de l’appui du PNUD sont organisées autour d’un comité de gestion de 15 membres. 12 membres du comité ont bénéficié d’un voyage d’étude à Ouaga auprès de structures gérant des chambres froides pour renforcer leur capacité de gestion.

Avec l’appui de la mairie, elles se sont formalisées en association et tiennent régulièrement leurs réunions statutaires qui ont lieu 2 fois par mois. Elles se sont organisées entre elles en équipe pour gérer de façon bénévole les tâches liées à l’exploitation de l’infrastructure. 

 

Le revenus des activités permet d’octroyer des prêts aux membres qui en font la demande pour développer leurs activités. La durée du crédit est d’environ 3 mois avec des conditions de remboursement souples et un taux d’intérêt très faible d’environ 10%.

L’impact socio-économique sur les membres de l’association est très important. Les revenus générés grâce aux activités entreprises sur financement de l’association permettent à de nombreuses femmes de faire face à certaines charges financières dans leurs ménages, notamment celles liées à l’éducation des enfants et à la santé. De plus, ce pouvoir économique leur permet de participer à la prise de décision au sein de leurs foyers, d’améliorer l’entente avec leurs conjoints et de renforcer le rôle social de la femme.

 

Un espace de cohésion sociale

Le site de l’infrastructure est également un lieu de rencontre et de socialisation entre les femmes ce qui leur permet d’échanger et d’obtenir des conseils sur leurs problèmes personnels.

 

Aperçu des nouveaux hangars du marché

Les difficultés actuellement rencontrées par les femmes concernent principalement l’indisponibilité en quantité suffisante des fruits et légumes en raison de l’insécurité. Les populations qui pratiquaient le maraichage dans les villages environnants ont dû déguerpir.

 

Elles disent aussi avoir besoin de renforcement de capacités techniques et matériels. Des formations en gestion d’entreprise et en marketing permettraient au COGES de mieux performer dans la gestion de la comptabilité et développer de nouveaux marchés. Du matériel roulant, notamment un tricycle, leur permettrait aussi de faciliter la livraison des gros clients en glace alimentaire. L’accompagnement d’un technicien du solaire permettra de pallier les pannes techniques qui surviennent parfois dans l’installation solaire.

 

 

Pour la Présidente de la Délégation Spéciale de Kaya, Solange KIMA/MINOUNGOU, cette infrastructure a apporté beaucoup aux femmes. « Avant, plusieurs d’entre elles venaient chaque matin à la mairie pour faire du nettoyage de façon bénévole. Depuis le début de l’exploitation de la chambre froide elles sont devenues rares, car très occupées dans leurs activités », a confié la PDS. Plusieurs femmes lui ont témoigné les changements qualitatifs que la plateforme a apporté dans leurs conditions de vie. Pour la PDS, la meilleure façon de bâtir la résilience et d’améliorer les conditions de vie des populations est de s’appuyer sur les femmes. Elle dit prospecter d’autres partenaires pour venir en appui aux femmes de l’association dans le renforcement de leurs capacités technique et matériel.

 

Un membre de l’association devant son étal

En vue d’assurer la durabilité de l’infrastructure, le Secrétaire général de la mairie a indiqué que la mairie entrevoit à terme la formalisation de la concession avec l’association avec un cahier de charges clair et précis.

Au vu des retombées socio-économiques de cette infrastructure qui entre dans le cadre de ses programmes de promotion des usages productifs de l’énergie durable, le PNUD est en train de passer à l’échelle cette expérience pilote avec la construction de deux autres chambres froides à Ouahigouya et à Fada N’Gourma.

Encadré

Encadré : Une PDI qui mène une AGR grâce à l’appui de l’Association

 

Isabelle BAMOGO est une PDI de 33 ans, mère de 6 enfants dont 3 scolarisés. Sa famille a dû fuir Dablo, à cause de l’insécurité. Elle a entendu parler de l’association Sougri Nooma à travers une amie qui y est déjà membre, et elle a adhéré il ya un an environ. Avec l’accompagnement de l’association, elle achète de la glace et des fruits au niveau de la chambre froide pour les revendre sur son site de PDI situé à l’extrémité Nord de la ville. 

Grâce à cette activité, elle aide son conjoint dans les charges familiales. La famille arrive aujourd’hui à prendre 3 repas par jour et à faire face aux frais liés aux fournitures de leurs enfants scolarisés. Elle a pu aider son premier fils qui a abandonné l’école à entreprendre une petite activité de vente de produits divers.

Elle dit avoir besoin actuellement d’une glacière et d’un vélo pour développer son activité. Elle espère que les bénéfices générés par son activité lui permettront d’acquérir à moyen terme ces équipements.