Le changement climatique pousse l’Afrique vers le point de non-retour

Un rapport lancé au Sommet d'action pour le climat appelle pays et dirigeants mondiaux à accélérer leurs efforts en Afrique

25 octobre 2018

Addis Abeba, Ethiopie – Alors que les efforts pour atteindre les objectifs énoncés dans le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et l'Accord de Paris pourraient entraîner des changements positifs après près d'une décennie de croissance économique en Afrique, le changement climatique menace de faire dérailler ces progrès, selon un rapport lancé lors du Sommet mondial d'action pour le climat.

« L'Afrique est à un tournant. Les nations ont connu une croissance économique, politique et sociale impressionnante au cours des dernières décennies. Mais les disparités entre riches et pauvres sont toujours là. La pauvreté, bien que moindre, demeure un problème serieux pour certains pays. Les changements climatiques, les sécheresses, les inondations, les variations des précipitations et les conflits ont le potentiel de faire échouer les mesures prises pour réduire la faim et  atteindre les objectifs énoncés dans l’Accord de Paris et le Programme de développement durable à l'horizon 2030 », a déclaré Adriana Dinu, Coordonnatrice exécutive, Global Environment Finance, PNUD.

Le rapport examine les études de cas des efforts nationaux d'adaptation au changement climatique appuyés par le PNUD en Afrique au cours des 15 dernières années avec le soutien financier d'organismes donateurs tels que le Fonds pour l'environnement mondial (FEM).

Alors que les premières initiatives d'adaptation au changement climatique présentent un bon potentiel de viabilité économique, d'amélioration des moyens d'existence et de réduction de la vulnérabilité, la durabilité sur le long terme dépendra des niveaux de pauvreté actuels, du contexte plus vaste des politiques et de la réglementation, de l'accès aux marchés et des services financiers ainsi que la capacité du gouvernement à fournir un soutien technique continu aux communautés.

«  Ne vous y trompez pas, le changement climatique est l'un des plus grands facteurs de risque pour les personnes, l'environnement et la stabilité du continent, a déclaré Ahunna Eziakonwa, directrice du Bureau régional du PNUD pour l'Afrique. « Dans notre économie mondiale, ces risques doivent être résolus avec des investissements climatiques transformateurs qui élargiront et accéléreront les actions pilotes pilotes pour créer un impact réel et durable pour les millions de personnes sur le continent dont la vie et les moyens de subsistance sont menacés.»

Un point de non-retour pourrait être atteint si les températures dépassent deux degrés et que les communautés ne développent pas les capacités d'adaptation requises pour une résilience à long terme. Cela pourrait entraîner une augmentation des éco-migrants, une augmentation de l'insécurité alimentaire, des épidémies plus graves et une instabilité accrue dans la région.

Les coûts réels de l’adaptation

Des études récentes indiquent qu’il est probable que les coûts réels de l’adaptation soient considérablement plus élevés que projetés initialement et nécessitent des mécanismes financiers créatifs ainsi qu’un engagement substantiel avec le secteur privé.

Selon les études de cas du rapport, il y a eu un certain nombre de succès notables dans l'adaptation au changement climatique en Afrique au cours de la dernière décennie, et les programmes d'adaptation récents se sont concentrés sur des initiatives plus vastes et qui font un meilleur usage des partenariats.

Pour réussir, ces projets devront renforcer la capacité d’adaptation, améliorer la prise de décisions, faciliter l’accès aux marchés, soutenir l’intégration des politiques et renforcer la prise de décisions fondée sur des données probantes.

De même, une transformation du secteur privé sera nécessaire pour financer les initiatives d’adaptation et protéger les entreprises et divers secteurs économiques contre les effets du changement climatique.

L’accélération vers Paris

Les nouveaux projets financés par le Fonds vert pour le climat en Afrique (FVC) et une nouvelle génération d’initiatives financées par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et le Fonds pour l’adaptation sont très prometteurs pour élargir et accélérer les initiatives précédentes.

Des projets d'adaptation au changement climatique financés par le FVC et soutenus par le PNUD sont en cours dans la région de l'Afrique subsaharienne, plus précisément au Malawi, en Ouganda et en Zambie. Des projets de plans nationaux d'adaptation financés par le FVC ont récemment été approuvés pour la République démocratique du Congo, le Libéria et le Niger.