Discours de Mme Martine Therer à l'occasion de la Journée mondiale de l’environnement

9 juin 2022

Mme Martine Therer, Représentant résident Adjointe du PNUD Maroc

Célébration de la Journée mondiale de l’Environnement 2022
Conférence: « Le nouveau cadre mondial de la biodiversité : quelles perspectivespour la préservation des écosystèmes »

Mme. la Ministre de la Transition Energétique et du Développement Durable,

M. le Directeur Résident de la GIZ,

M. le Directeur du changement Climatique, de la Biodiversité et de l’Economie verte,

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureuse de l’occasion qui m’est donnée de célébrer avec vous, au nom du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Journée mondiale de l’environnement dont le thème cette année « Une seule Terre » nous exhorte à agir et à faire beaucoup plus pour protéger et pour restaurer notre planète.

Permettez-moi de commencer par féliciter et remercier le Ministère de la transition énergétique et du Développement Durable de l’organisation de cette importante rencontre scientifique. Je voudrais aussi saluer les efforts engagés par le Royaume du Maroc pour la mise en œuvre des dispositions des trois conventions de Rio et notamment celle relative à la diversité biologique, objet de la rencontre d’aujourd’hui.

Le sujet de la conférence de ce matin, « Le nouveau cadre mondial de la biodiversité : quelles perspectives pour la préservation des écosystèmes », est éminemment pertinent. La perte de la biodiversité est avec le changement climatique et la pollution un des trois grands maux qui affectent la santé de notre planète.

Or, cette planète est notre seule, notre unique maison, comme l’a très bien dit le Secrétaire général de l’ONU, M. Antonio Guterres, dans son message à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement 2022. Et, « Nous demandons trop à notre planète pour maintenir des modes de vie qui ne sont pas durables ».

C'est la 49e fois que la Journée mondiale de l'environnement est célébrée depuis la première Conférence des Nations unies sur l'environnement humain qui s'est tenue à Stockholm en 1972. Il y a cinquante ans, lors de cette conférence, les dirigeants du monde entier se sont engagés à protéger la planète. Mais nous sommes loin d'y être parvenus en dépit des engagements pris année après année, y compris dans le cadre du Programme 2030 et de ses 17 Objectifs de développement durable auxquels les dirigeants du monde entier ont également souscrit.

En 2019, j’avais terminé mon discours à l’occasion de la Journée mondiale de la biodiversité par une citation de Gustave Speth, avocat américain spécialiste des questions d’environnement et ancien Administrateur du PNUD. Il dit ceci : « J’avais l’habitude de penser que les principaux problèmes environnementaux étaient la perte de biodiversité, l’effondrement des écosystèmes et le changement climatique. Je pensais que trente ans de bonne science pouvaient résoudre ces problèmes. J’avais tort. Les principaux problèmes environnementaux sont l’égoïsme, la cupidité et l’apathie, et pour y faire face, nous avons besoin d’une transformation culturelle et spirituelle. »

La science tire la sonnette d’alarme chaque jour et de plus en plus fort. Elle nous a dit maintes fois que nos activités irresponsables détruisent notre support de vie et elle ne cesse de nous répéter ce que nous devons faire pour résoudre les nombreux problèmes environnementaux et nous réconcilier avec la nature. Nous savons ce qu’il faut faire ; nous savons que nous devons faire mieux et que sans un changement radical de paradigme, sans une véritable « transformation culturelle et spirituelle », nous ne serons pas en mesure de préserver notre planète pour les générations futures.

« Le développement durable, c’est s’efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures », disait déjà en 1987 le Rapport Brundtland, intitulé « Notre avenir à tous ».

En d’autres termes, la survie de l’humanité dépend de la santé de notre planète. La Terre nous fournit la nourriture, l’eau potable et des médicaments. Les écosystèmes terrestres et marins jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat et nous protègent des phénomènes météorologiques extrêmes.

Mais aujourd’hui, la triple crise dont j’ai parlé plus tôt, celle qui conjugue changement climatique, perte de la biodiversité et pollution, s’accélère à cause de nos activités irresponsables.

« Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier », dit très justement Robert Watson, le Président de l’IPBES.

Plus de 3 milliards de personnes dans le monde souffrent de la dégradation des écosystèmes. La pollution cause près de 9 millions de décès prématurés chaque année et plus d’un million d’espèces végétales et animales, sur les quelque 8 millions que compterait notre Terre, sont menacées d’extinction, dont beaucoup dans les prochaines décennies, alors que 75% du milieu terrestre et 66 % du milieu marin sont déjà « sévèrement altérés » par les activités humaines. En cause : la perte d’habitats due à la déforestation, l’agriculture intensive, la surpêche, l’urbanisation rapide, l’exploitation minière, la pollution ; le tout exacerbé par le changement climatique.

Près de la moitié de l’humanité vit dans des zones où le climat pose un danger – ces personnes sont 15 fois plus susceptibles de mourir des effets des changements climatiques, tels que la chaleur extrême, les inondations et la sécheresse. Et d’ici à 2050, le nombre de personnes déplacées chaque année par le dérèglement climatique pourrait dépasser 200 millions.

Nous sommes tous concernés par cette triple crise et nous devons tous agir : décideurs, entreprises, société civile et chacun d’entre nous. Nous devons, par exemple, changer nos modes de consommation, afin de réduire le gaspillage alimentaire et la surexploitation des ressources naturelles, mais aussi adopter des approches de développement intégrées et multisectorielles qui prennent en compte les compromis entre la production alimentaire et énergétique, les infrastructures, la gestion des ressources en eau et des zones côtières, et la conservation de la biodiversité.

La réunion internationale Stockholm +50 des 2 et 3 juin dernier a appelé à la mobilisation urgente de tous les acteurs de la société.

Le SG de l’ONU a souligné que chacun et chacune d’entre nous doit prendre ses responsabilités afin d’éviter une catastrophe :

  • Les gouvernements doivent de toute urgence donner la priorité à l’action climatique et à la protection de l’environnement en prenant des mesures politiques qui favorisent le progrès durable ;
  • Les entreprises doivent placer la durabilité au cœur de leurs décisions, pour le bien de l’humanité, comme pour celui de leur chiffre d’affaires ;
  • Chacun et chacune d’entre nous doit faire des choix responsables, qu’il s’agisse des politiques que nous soutenons, des aliments que nous consommons, des moyens de transport que nous choisissons ou des entreprises que nous engageons.

Pleinement conscient de ces enjeux planétaires, le PNUD, aux côtés d’autres agences des Nations Unies, joue, depuis plus de 50 ans, un rôle de premier plan dans la protection de l’environnement, et la préservation de la biodiversité et des écosystèmes.

Avec plus de 500 projets dans près de 150 pays, le PNUD gère un portefeuille d’activités liées à la biodiversité et aux écosystèmes, d’un montant de 1,5 milliard de dollars. Ces projets encouragent la croissance économique durable, créent des emplois, protègent les espèces et les habitats menacés d’extinction et renforcent la résilience des communautés, notamment les plus vulnérables.

Ici, au Maroc, nous appuyons la mise en œuvre de la stratégie et des plans d'action nationaux pour la protection et la conservation de la diversité biologique.

Le PNUD a aidé le Maroc à remplir ses obligations vis-à-vis de la Convention sur la diversité biologique (CDB) et la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification (CNULCD), en accompagnant l’élaboration du 6ème rapport national sur la biodiversité qui évalue les progrès accomplis vers la réalisation des Objectifs d’Aichi et l’élaboration du 5ème rapport national relatif à la lutte contre la désertification et la dégradation des terres qui évalue les acquis, les progrès, les contraintes et les lacunes dans ce domaine.

Nous appuyons aussi la mise en œuvre du protocole de Nagoya, en soutenant la mise en place d'un cadre national favorisant l’accès et le partage juste et équitable des avantages des ressources génétiques et des connaissances traditionnelles (APA) qui sont extrêmement importantes pour la préservation de la biodiversité.

Tout cela nous a permis de développer une expertise et des partenariats aux niveaux national et mondial que nous voulons continuer de mettre à votre disposition pour soutenir les efforts nationaux en matière de préservation et de conservation de la diversité biologique du Maroc.

Cette journée est l’occasion de renforcer la sensibilisation et de prendre de nouveaux engagements pour restaurer et protéger nos écosystèmes, pour renforcer le bien-être des nombreuses populations qui en dépendent pour leur subsistance, et pour nous protéger en tant qu’humanité.

Si nous voulons une planète durable, nous devons nous fixer des objectifs très ambitieux, et nous devons surtout et avant tout agir, ensemble, sans perdre de temps, et ne pas regarder ailleurs pendant que notre maison brûle, pour paraphraser un ancien président français.

C’est dans cet esprit de partenariat que je vous souhaite des réflexions productives au cours de cette matinée, tout en en vous réitérant la volonté du PNUD de continuer à accompagner vos efforts.

Je vous remercie de votre aimable attention.