Le Mali a été confronté à des défis importants avec des attaques fréquentes de groupes extrémistes et une détérioration de la situation sécuritaire. Les régions du Centre et du Nord, en particulier, ont été fortement touchées, ce qui a entraîné un grand nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays.  Selon les dernières recherches de l’Institut International de Recherche sur la Paix de Stockholm, la majorité de la population est préoccupée par la sécurité alimentaire et la pauvreté.

Malgré ces difficultés, ma récente visite au Mali a révélé une lueur d'espoir, provenant principalement du pouvoir et de la résilience des communautés locales, en particulier des femmes et des jeunes. La région de Bandiagara, située au cœur du Mali, est en train de devenir un exemple de région dynamique où les communautés retrouvent leur sentiment de sécurité, d'autonomie et de prise en charge de leur propre progrès. Contrairement au passé, la région assiste aujourd'hui à un retour significatif des personnes déplacées, avec 74 400 personnes enregistrées comme étant rentrées en avril 2023 (OCHA, avril 2023), soit le double par rapport à l'année précédente.

En 2022, Bandiagara a subi des attaques armées et des affrontements intercommunautaires qui ont provoqué le déplacement de plus de 91 000 personnes (OIM, avril 2022). L'économie de la région a été affectée ; les infrastructures telles que les routes, les ponts et les écoles ont été détruites, entravant l'accès aux services sociaux de base et la mobilité de la population. Cependant, la situation est en train de changer car l'amélioration des services essentiels, notamment l'éducation, l'eau, les soins de santé et les écoles, encourage les gens à revenir.

Au cours de ma visite, j'ai rencontré les communautés de Bandiagara et l'équipe des Nations Unies, qui m'ont confirmé que la facilité Liptako Gourma, soutenue par la République Tchèque, le Danemark, l'Union Européenne, l'Allemagne, le Japon, les Pays-Bas et le PNUD, avait joué un rôle de catalyseur dans leurs réalisations. En un an, 1 328 personnes (58 % de femmes et 85 % de jeunes) se sont directement engagées dans la réhabilitation de services communautaires clés tels que l'eau, les routes, l'éducation et la santé. Ce soutien leur a non seulement procuré des revenus, mais leur a également insufflé un sentiment de fierté et de dignité. La construction de nouvelles routes a facilité l'accès aux zones voisines, ce qui est crucial, surtout pendant la saison des pluies où la plupart des routes sont impraticables. En outre, l'installation de 218 lampadaires solaires a amélioré la sécurité et l'accès aux services sociaux dans les zones où l'accès à l'énergie est limité. Ces services réhabilités devraient bénéficier à environ 141 220 personnes, dont plus de la moitié sont des femmes, dans cinq communes de la région de Bandiagara.

"L'installation est le premier programme qui nous a vraiment impliquées et qui nous a ouvert les portes à d'autres opportunités.", a déclaré Mme Yaiguere Tembely, responsable régionale de la coordination des associations de femmes et des organisations de la société civile à Bandiagara.

Les représentants des jeunes ont souligné la façon dont le centre a fourni des opportunités de travail contre une rémunération pour les femmes, les jeunes et les personnes déplacées, inspirant d'autres partenaires à suivre l'exemple. L'un des jeunes représentants, M. Hervé Somboro, a même publié un livre intitulé "À la foire de Bandiagara", exprimant son espoir de stabilité dans la communauté tout en reconnaissant le soutien de la structure à la réalisation de son rêve de devenir écrivain.

Le gouverneur de la région de Bandiagara a déclaré : "Cette installation est unique car elle apporte des services essentiels directement à nos communautés, tels que l'eau, les routes et les soins de santé. Ces services font une différence significative dans la région". Il a confirmé l'engagement de la région en faveur de la stabilisation en mettant en œuvre une stratégie régionale spécifique pour le centre et son plan d'action.

La région de Bandiagara montre l'exemple en encourageant la coopération entre les acteurs de l'aide humanitaire, de la paix et de la sécurité. Les équipes de l'ONU travaillent désormais conjointement pour surveiller et analyser les risques et les menaces pour la sécurité. Une équipe spéciale coordonne les efforts des Nations Unies pour trouver des solutions durables au retour des personnes déplacées. À Mopti, les partenaires de l'ONU ont confirmé que l'installation leur avait permis de répondre aux besoins des personnes déplacées, notamment en construisant des abris.

Les partenaires ont souligné que l'établissement a été le premier à investir dans les personnes déplacées et à réintroduire des services pour les habitants de la région de Bandiagara. Ils ont exprimé leur engagement à suivre l'exemple du centre. 

D'autres investissements sont nécessaires dans la région de Bandiagara, en travaillant directement avec les communautés locales et les administrations. Les associations de femmes, en particulier, possèdent une connaissance unique de leurs besoins et peuvent transformer les investissements en opportunités. Les communautés participent à la mise en place d'un comité de stabilisation chargé d'identifier les besoins et de répondre aux menaces qui pèsent sur la sécurité.

Bandiagara est un modèle de réussite malgré des défis persistants, tels que les affrontements intercommunautaires et la sécurité, en particulier dans les zones transfrontalières avec les pays voisins. Bien qu'une approche prudente puisse être adoptée en raison du contexte géopolitique, nous devons continuer à investir dans les communautés. Elles jouent un rôle essentiel en apportant la paix, la stabilité et l'espoir au pays et à la région dans son ensemble.