L’intelligence collective au service du développement durable

Comme le disent les Bambaras : “Mɔgɔ kelen, hakili kelen. Mɔgɔ fila, hakili fila”. Ce qui veut dire « une personne, un esprit. Deux personnes, deux esprits ».

3 juillet 2022

L’atelier de l’Accelerator Lab du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et d’Impact Hub Bamako (IHB)

© PNUD Mali

Comme le disent les Bambaras : “Mɔgɔ kelen, hakili kelen. Mɔgɔ fila, hakili fila”. Ce qui veut dire « une personne, un esprit. Deux personnes, deux esprits ». Voici, donc, l’essence de l’intelligence collective. Comme définie par Nesta (l'agence britannique d'innovation pour le bien social et partenaire stratégique des accélérateurs), l'intelligence collective « est créée lorsque des personnes travaillent ensemble, souvent avec l'aide de la technologie, pour mobiliser un plus large éventail d'informations, d'idées et de connaissances afin de relever un défi sociétal. »

En tant qu'idée, elle n'est pas nouvelle. Elle est basée sur la théorie selon laquelle  les groupes de personnes différentes sont collectivement plus intelligents que n'importe quel individu seul. Le principe est que l'intelligence est distribuée. Différentes personnes détiennent différents éléments d'information et différentes perspectives qui une fois combinées, créent une image plus complète d'un problème et de la façon de le résoudre.

Du lancement de l’AccLab Mali à nos jours, nous avons eu recours à différentes reprises à cette approche sous différentes formes. De la compréhension des défis liés à la transformation des déchets plastiques ou l'opérationnalisation de l’initiative de la Grande Muraille Verte au Mali, ainsi que ceux liés à l’innovation dans le commerce de petits ruminants dans la zone frontalière du Liptako-Gourma. Dans toutes ces situations, nous avons collaboré avec un large éventail de personnes directement ou indirectement impliquées dans la résolution du problème.

 

L’atelier de l’Accelerator Lab du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et d’Impact Hub Bamako (IHB) :

Au Mali, le défi de la gestion des déchets représente une problématique majeure. Si les montagnes de déchets existent dans la ville de Bamako (très néfastes pour la santé et l’environnement), c’est parce que l'économie de la ville n’est pas circulaire. Elle est linéaire.

L’économie circulaire désigne un modèle de production et de consommation durables visant à découpler la croissance économique de la consommation des ressources. Cela implique notamment de concevoir des produits qui soient utilisables plus longtemps et faciles à réparer.

 

Du 24 au 26 septembre 2021, pendant 3 jours, autour d’une maquette 3D représentant une partie fictive de la ville de Bamako et à l’aide de cinq stratégies d’implémentation d’une économie circulaire (Konietzko et al., 2019), plusieurs innovateurs de l’écosystème malien ont donné leur avis, mis en avant leur expertise, exposer leur point de vue et leurs idées pour la cocréation de solutions circulaires et innovantes mettant en relation des acteurs évoluant seule dans la majeure partie des cas.

 

 

Les cinq stratégies et les cinq solutions collectives :

Les entreprises peuvent innover dans le sens d'une économie circulaire grâce à cinq stratégies interdépendantes (Konietzko et al, 2020). Elles peuvent ralentir, réduire, fermer, régénérer et

informer les flux de produits, de composants, de matériaux et d'énergie.    

 

 

C’est dans ce sens que les trois jours de facilitation par IHB ont permis aux innovateurs en groupe de co-créer une solution par stratégie.

Le groupe de travail “Ralentir” a proposé la solution SUGU KÈNÈ qui permet de conserver les produits alimentaires plus longtemps grâce à un spray naturel utilisant les techniques de photosynthèse.

Le groupe “Fermer” a généré comme projet ECOPARC qui est un parc ludique constitué d’air à base des matériaux réutilisés (métaux, pneus, plastiques).

Le groupe “Informer” a développé ENV.EDU, une solution dédiée à l'éducation environnementale des enfants grâce à un mini-ordinateur ou une tablette raspberry pi.

Le groupe "Réduire" a eu à travailler sur le développement d’un boîtier, IMPACT+, accompagné d’une application mobile visant à contrôler et à réduire la consommation d'énergie des ménages et entreprises maliennes.

La stratégie "Régénérer" prônant l’utilisation de matériaux biodégradables et d’énergies renouvelables, le 5eme groupe a travaillé sur la mise en place d’un projet de végétalisation des toits à Bamako avec comme ambition de planter 1.000.000 de Moringa d’ici 2030.

 

Qu'est-ce que nous explorons ici ?

Au Mali, les entreprises et les individus ont la capacité créative de proposer des solutions aux problèmes des communautés. Ces cinq dernières années nous l’ont prouvé avec les centaines d'idées et projets innovants actuellement mis en œuvre. Et cet atelier est une autre preuve que ce ne sont pas les idées qui manquent.

Une question que je pense est d’interet commun a l’ecosysteme de l’innovation est comment rendre les actions d’innovation plus efficaces ? Cet atelier a contribue a renforcer la capacité collective des innovateurs locaux pour la co-création de solutions pour atteindre un objectif commun. L'objectif commun durant cet atelier était de construire un portefeuille de solutions qui agissent ensemble pour faire émerger une économie circulaire. Le contexte n'était pas clair et réel, mais l'idée était là.

Deuxièmement, les innovateurs qui travaillent en silos ne sont pas souvent en mesure de voir l'ensemble du tableau (“thinking out of the box''). Pour remédier à cela, nous avons proposé d'utiliser un outil de collaboration différent, une technologie différente, qui fournit une image collective du problème que les innovateurs sont en train de résoudre. Ceci permet d'améliorer la communication et la collaboration entre les acteurs.

Troisièmement, les donateurs, les citoyens et les innovateurs peuvent difficilement observé les changements qui se produisent dans un système suite à la mise en œuvre de solutions innovantes. Cet atelier a facilité aux participants d’imaginer la ville post-implementation des solutions. Nous voudrions aller plus loin (cycle de retour d’information plus court) dans les phases d’exploration à venir en utilisant d’autres technologies de la 4ème révolution industrielle.

En synthèse, le Lab et IHB se sont intéressés à développer une nouvelle façon de collaborer avec les innovateurs locaux. Nous voulons être en mesure de visualiser les systèmes, de construire des portefeuilles de solutions intégrées qui agissent à différents niveaux des systèmes, et d'être en mesure de voir collectivement le changement en utilisant les technologies de collecte et visualisation de données.