Si j’avais su épargner…maintenant je sais comment faire
Si de coutume à Madagascar, les mères de nouveau-né doivent rester au chaud au lit en attendant de recouvrir une bonne santé, Hanta (nom d’emprunt) a dû sortir pour la première fois de chez elle pour s’inscrire au programme de protection sociale “Tosika Fameno”.
« La situation est angoissante car la COVID-19 est une maladie contagieuse qui décime beaucoup de personnes » confie-t-elle tout en posant son regard sur son enfant. « Avec cette épidémie, nous manquons d’argent et de nourriture. Mon mari ne travaille plus. Nous n’avons plus rien entre les mains. Aujourd’hui, il s’est porté volontaire pour aider le fokontany à s’organiser face à la pandémie, et moi, je suis ici pour pouvoir bénéficier de l’aide financière de l’Etat » raconte la jeune maman d’Alarobia.
Tosika Fameno est le plan d’urgence sociale mis en place par l’Etat malagasy, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, dont le PNUD dans le cadre de la riposte contre la COVID-19. Il s’agit d’allouer un transfert monétaire non-conditionnel de 100 000 Ar (environ 15€) aux ménages les plus vulnérables dont les revenus sont affectés par les mesures de confinement pour faire face à la pandémie.
Dans la même file d’attente se trouve Rasoa. Elle fait partie des personnes âgées présentes au centre d’Alarobia pour l’inscription au Tosika Fameno. Assise sur un banc, un peu éloigné des files d’attente, elle attendait patiemment son tour pour s’enregistrer.
« J’ai 62 ans et je réside à Morarano. Je coupai et récupérai les herbes dans les jardins des particuliers » se présente-t-elle. « Maintenant c’est plus le cas. Les gens ont peur de la maladie et ne veulent plus nous faire travailler. Je voulais m’inscrire à cette opération Tosika Fameno car je n’ai plus rien. J’ai perdu mon travail » informe Rasoa.
Les fokontany ont joué un rôle clé dans l’information et la sensibilisation des ménages vulnérables affectés par les mesures de confinement face à la pandémie pour qu’ils s’inscrivent volontairement au programme Tosika Fameno.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) déploie cette aide financière en faveur de 13 000 ménages vulnérables de la capitale Antananarivo. Une action réalisée en étroite collaboration avec le ministère de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la Femme, la Commune urbaine d’Antananarivo,et le bureau national de gestion des risques et catastrophes (BNGRC).
Bâtir la résilience avec l’éducation financière
La particularité de l’approche du PNUD est d’allier l’attribution de ces aides à des séances d’éducation financière.
Si j’avais su épargner…maintenant je sais comment faire —Fanja
« Dans ce contexte de pandémie durant lequel il n’y a subitement plus eu de travail, c’est devenu complexe ! J’avais moi-même un emploi mais il y a eu un arrêt. Si j’avais su épargner, j’aurai pu investir dans la revente des petites marchandises de première nécessité. Aujourd’hui je peux dire que j’ai beaucoup appris durant la séance de sensibilisation. » témoigne Fanja qui vient d’assister à une séance d’éducation financière animée l’institution de microfinance OTIV mandatée par le PNUD.
Les mêmes séances d’éducation financière ont été organisées dans différents sites avant les opérations de paiement proprement dit de Tosika Fameno. Organisées en plein air ou dans des salles proposées par les autorités locales, par groupe restreint, l’objectif est non seulement de pouvoir dispenser aux bénéficiaires les instructions sur les gestes barrières afin de réduire la propagation du virus de la COVID-19 et les directives administratives lors des opérations de paiement de Tosika Fameno mais surtout pour partager des conseils pratiques de gestion de budget ménager malgré la crise sanitaire.
Texte : Nanou Fiankinana R.
Photos : PNUD Madagascar — Commune Urbaine d’Antananarivo