Madagascar — 4 approches innovantes au service du développement

PNUD Madagascar
7 min readApr 25, 2020

Changement climatique, lutte contre la corruption, déchets médicaux ou encore sécurité humaine, découvrez les approches innovantes mises en œuvre à Madagascar pour le développement durable.

1. Vue du ciel — Des drones pour protéger les population des zones enclavées du Grand Sud

Les populations de certaines localités des régions Androy, Anosy et Ihorombe (situées dans le Grand Sud de Madagascar) sont en proie aux attaques récurrentes et violentes des Dahalos, des bandits de grands chemins et voleurs de zébus. Difficilement repérables dans les zones les plus enclavées — classées rouges et difficiles d’accès aux forces de défense et de sécurité — les Dahalos sèment la terreur en détruisant des villages, en volant les troupeaux de zébus qui sont la source première de revenus des populations et, dans certains cas, en commettant des abus sexuels sur les femmes. Cette situation d’insécurité, en plus de nuire au maintien de la paix, exacerbe les inégalités déjà présentes dans ces zones sujettes aux effets du changement climatique, aux sècheresses cycliques et aux crises humanitaires.

Les éléments des Forces de défense et de sécurité ont également reçu des formations sur l’utilisation des drones. ©PNUD Madagascar

Avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix (UNPBF), le PNUD en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a équipé les trois (3) groupements de la gendarmerie et des unités spéciales anti-dahalo avec des drones de surveillance pour les régions Androy, Anosy et Ihorombe. Discrets et équipés de caméra thermique, ces drones prennent des images aériennes des zones touchées par les attaques des Dahalos. Ces données sont par la suite analysées en reconnaissance des déploiements terrain de la gendarmerie nationale.

Cet appui technologique innovant a permis de débusquer des repères de Dahalos, suivre le trajet de zébus volés et sécuriser les déplacements massifs des troupeaux lors des grandes festivités.

Depuis 2019, les opérations menées par les forces de défense et de sécurité ont abouti à la restitution de centaines de zébus volés, et a un meilleur suivi de la sécurité dans des localités qui demeuraient jusque là difficiles d’accès.

©PNUD Madagascar

2. Une plateforme digitale pour des services publics transparents et intègres

La réalisation d’un audit au sein de certains ministères à Madagascar a permis de mettre en évidence des lacunes non négligeables dans la passation des marchés publics. A la source, une méconnaissance et/ou un manquement à l’application des procédures existantes, ainsi qu’une organisation qui gagnerait à être plus efficace et moins coûteuse pour l’administration. Le PNUD soutient alors la mise en place d’une plateforme digitale permettant d’automatiser et de dématérialiser les différentes étapes du processus pour une plus grande transparence, et une meilleure efficience des services publics.

Cette plateforme améliorera tout le cycle de la passation des marchés de travaux, de fournitures, de prestations de services et de prestations intellectuelles. En interne, au niveau de l’administration, elle sera reliée aux systèmes d’information des entités chargées de la commande publique qui, suivant le niveau de responsabilité, exécuteront de manière indépendante les différentes opérations qui leur incombent en se basant sur des fiches pratiques mises à leur disposition. En externe, les opérateurs économiques pourront avoir accès aux offres de marché publiées en ligne, télécharger les dossiers de candidatures et soumettre leurs propositions sans entrer directement en contact avec l’administration. Les échanges entre les deux parties se feront par voie électronique réduisant ainsi les contacts, facteurs de risques de corruption. Toutes les données sur les compétences des soumissionnaires, les renseignements sur la livraison seront recueillies sur la plateforme qui centralisera également le paiement et l’archivage électronique des dossiers d’offres afin d’en faciliter l’exploitation.

L’utilisation des technologies de l’information et de la communication, par la mise en place cette plateforme digitale va permettre d’accroître la transparence, la traçabilité et la détection des irrégularités dans les processus de passation des marchés publics. L’accès aux appels d’offres publics en sera ainsi facilité, l’égalité de chances entre concurrents garantie, et les risques de corruption et de pots-de-vin réduits. Par ailleurs, les problèmes d’archivage des dossiers d’offres pourront être résolus grâce à un accès libre (open data) aux données. Des conditions essentielles pour une administration moderne, transparente et intègre.

3. Gestion des déchets médicaux — De l’autoclave au recyclage

C’est dans le cadre d’un projet régional de réduction des émissions non intentionnelles de polluants organiques persistants et de mercure dans le secteur santé (UPOPS), que le CHU-JRB Befelatanana, situé dans la capitale Antananarivo, a pu introduire des pratiques environnementales innovantes dans la gestion de ses déchets médicaux. Désormais équipé d’un autoclave de 260l, de matériel de tri, et d’un personnel de santé formé, le CHU-JRB traite ses déchets de manière non polluante tout en réduisant les risques de contamination. Pour aller plus loin, le CHU-JRB recycle aujourd’hui ses déchets plastiques et de verre en briques, pavés et chaises dont la vente constitue une source de revenus pour l’hôpital.

La valorisation permet de donner une nouvelle vie aux déchets plastiques et de verre et de bâtir des hôpitaux plus respectueux de l’environnement. ©PNUD Madagascar

Avec ce projet appuyé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), le PNUD a accompagné l’installation d’un autoclave de 260l afin d’éviter l’incinération des déchets médicaux, notamment ceux contenant du mercure. Le risque d’exposition du personnel de santé aux contaminations a été réduit avec la mise en place de système de tri approprié des déchets infectieux et des équipements pour une meilleure pratique de gestion des déchets médicaux.

L’autoclavage permet une destruction appropriée des germes contenus dans les déchets médicaux qui sont ensuite broyés en morceaux méconnaissables. ©PNUD Madagascar

Globalement, le projet UPOPS a introduit à Madagascar de meilleures pratiques environnementales de gestion des déchets médicaux dont le traitement sans incinération avec les meilleures technologies disponibles, les autoclaves et les possibilités de recyclage de déchets. Au total six (6) hôpitaux et deux (2) centres de santé de base à Madagascar ont bénéficié de cet appui.

4. Tracer la voie de la paix à travers la voix des jeunes

Alors que la radio est le canal d’information le plus utilisé, notamment par les communautés rurales, la polarisation politique des médias ne permet pas aux jeunes, premières victimes du chômage et de la marginalisation, d’avoir accès à des informations fiables et neutres qui répondent à leurs besoins. Mais surtout, l’expérience dans d’autres pays du monde a mis en exergue le potentiel des médias partisans à devenir des outils d’amplification des conflits, de propagande et de manipulation de l’opinion. C’est ainsi que le Studio Sifaka est alors né pour renverser la tendance; un studio de production d’émissions radiophoniques impartiales par les jeunes et pour les jeunes en alliant les nouvelles technologies de l’information et de la communication à la promotion de la paix auprès des jeunes.

Chaque jour, à Madagascar, 78% des ménages écoutent la radio environ deux heures trente (2h30) de temps. ©Studio Sifaka

Avec une grille des programmes axée sur les thématiques liées à la gouvernance, les droits de l’homme, l’emploi, la citoyenneté, la culture de paix, ou encore de la cohésion sociale, le Studio Sifaka est composé d’une équipe de jeunes journalistes (moins de 30 ans) qui produit chaque jour des émissions qui sont ensuite diffusées par le biais de radios partenaires un peu partout dans le pays. Cette initiative générationnelle sert également de plateforme d’expression aux jeunes qui peuvent désormais avoir un canal d’expression libre et neutre pour être entendus, et pour partager leurs préoccupations aux instances gouvernementales. À terme, ce studio renforcera la participation des jeunes à la résolution pacifique des conflits, aux processus démocratiques et aux initiatives de développement durable.

Le Studio Sifaka est un programme radiophonique créés par les Nations-Unies à Madagascar, en partenariat avec la Fondation Hirondelle, avec le soutien du Fonds pour la Consolidation de la Paix. Il s’agit d’un projet financé par le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (UNPBF) dans le cadre de l’initiative de promotion des jeunes et de l’égalité des sexes (GYPI) et mis en œuvre par la Fondation Hirondelle en partenariat avec le PNUD, l’UNICEF et le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme.

©Studio Sifaka

Texte : Ramatoulaye Moussa Mazou — Spécialiste en communication, PNUD Madagascar.

Photos : PNUD Madagascar — Studio Sifaka

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