« La violence à l’égard des femmes est un choix »

ONU Développement
5 min readNov 29, 2021

Des militantes des droits des femmes vivant dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord s’expriment sur les actions à mener pour bâtir un monde meilleur pour les femmes victimes de ces violences.

Les femmes vivant dans les zones de crise sont particulièrement vulnérables aux violences sexistes. Photo : PNUD Irak/Claire Thomas

Dans les zones de crise, jusqu’à 70 pour cent, soit plus de deux femmes sur trois, subissent une forme de violence sexiste. Cette statistique choquante n’est pourtant pas nouvelle. Mais Samah Krichah veut que tout le monde sache que ce n’est pas une fatalité.

« La violence à l’égard des femmes n’est inhérente à aucune culture », déclare Samah, chargée de programme au sein de l’organisation de défense des droits des femmes Kvinna Kvinna en Tunisie. « C’est un choix, une décision prise par un petit groupe d’hommes puissants ».

Les conflits violents et les crises humanitaires ont un impact disproportionné sur les femmes et les filles, et exacerbent les facteurs de risque de violence. Cette situation a été aggravée par la pandémie de COVID-19, qui a provoqué une augmentation du nombre de cas de violences sexuelles et sexistes dans le monde entier.

En 2020, les Nations Unies ont recensé plus de 2 500 cas de violences sexuelles liées aux conflits dans 18 pays ; 96 pour cent de ces incidents concernaient des femmes et des filles.

Dans le nord du Liban, la police municipale d’Al Mina recrute des femmes dans le cadre d’une initiative visant à placer les droits des personnes au centre des activités de police. Photo : PNUD Liban

Les normes systémiques et culturelles sont les principaux moteurs des violences faites aux femmes, quel que soit le contexte. Mais le manque d’accès à la justice qui prévaut dans de nombreuses situations de crise signifie que même lorsque les personnes concernées cherchent à obtenir réparation, les voies de recours sont limitées, voire inexistantes, ce qui accroît leur vulnérabilité.

Pour les militantes des droits des femmes vivant dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, la clé de la lutte contre les violences sexistes réside dans le démantèlement de ces normes qui permettent la commission de ces actes. Cette démarche, associée à un effort concerté et coordonné des femmes vivant dans les zones de crise pour dénoncer les violences sexistes, est l’un des moyens les plus efficaces d’apporter un changement réel et durable.

« Chaque individu peut contribuer à rompre avec les normes sociales et les croyances néfastes qui perpétuent les violences faites aux femmes », déclare Ghida Adani, fondatrice et directrice d’Abaad, au Liban.

« Chaque individu peut contribuer à briser les normes sociales et les croyances néfastes », affirme la militante libanaise Ghida Anani. Photo fournie par Ghida Anani.

Ghida Adani, qui a débuté comme assistante sociale au Conseil libanais de lutte contre la violence à l’égard des femmes, a bâti sa carrière sur la lutte pour les droits des femmes. Il y a dix ans, elle a fondé sa propre organisation, Abaad, qui milite pour la justice de genre et l’élimination de la violence à l’égard des femmes au Liban.

Selon Adani, au Liban, qui est confronté à une crise multidimensionnelle marquée par une instabilité politique, un effondrement économique et des tensions régionales, « les femmes se battent sur différents fronts ».

Mais malgré les défis auxquels les femmes sont confrontées, elle affirme que le fait de s’exprimer peut leur insuffler de la force et faire avancer les choses sur les questions les plus importantes.

« Des lois nationales discriminatoires aux violences sexistes, qui augmentent pendant les conflits et les crises socio-économiques, nous avons pu observer comment ces défis ont insufflé de la force aux femmes libanaises, qui ont brisé les stéréotypes en descendant dans la rue lors des manifestations de ces dernières années et en réclamant l’égalité ».

En Tunisie, Samah Krichah, de Kvinna Kvinna, convient qu’un changement systémique est nécessaire pour améliorer la vie des femmes et réduire le nombre de violences à leur encontre dans les situations de crise. Samah Krichah affirme que chaque personne a un rôle à jouer pour briser ces cycles de violence, en particulier les jeunes hommes et femmes.

« La violence à l’égard des femmes n’est inhérente à aucune culture », déclare Samah, militante au sein de l’organisation de défense des droits des femmes Kvinna Kvinna en Tunisie. Photo fournie par Samah Krichah

« Les femmes, en particulier les jeunes femmes qui côtoient les jeunes hommes, peuvent apprendre à dénoncer les mensonges et à ne plus se laisser piéger par ces mensonges », déclare-t-elle.

Samah Krichah a bon espoir qu’un tel changement se produise.

« L’avenir que je veux pour moi et mes sœurs dans mon pays et ma région, c’est un avenir où nous n’aurons plus besoin de nous battre pour accéder à nos droits fondamentaux, où nous n’aurons plus peur de marcher dans la rue et où il sera courant que des femmes occupent des postes de pouvoir et mettent en œuvre des politiques féministes pour le bien de la communauté, de la nation et de la région ».

Le PNUD s’emploie à prévenir les violences faites aux femmes dans tous les pays où il est présent. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le PNUD a collaboré avec ses partenaires mondiaux pour aider plus de 80 pays à contrer cette « pandémie de l’ombre », notamment en adaptant des services dédiés aux violences sexistes et en intégrant une optique axée sur la lutte contre ces violences dans les efforts déployés pour combattre la crise de COVID-19.

Les conflits et les crises humanitaires ont un impact disproportionné sur les femmes et les filles. Photo : PNUD PAPP/Abed Zagout

Cette aide n’est nulle part plus nécessaire que dans les pays déjà confrontés à une crise. La capacité des femmes à vivre à l’abri de toute forme de violence est essentielle à la paix, à la stabilité et à la prospérité. Sans cela, il ne sera pas possible d’atteindre les Objectifs de développement durable.

« Je crois fermement au pouvoir d’agir ensemble pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain, déclare Ghida Adani.

En fin de compte, l’amélioration de la vie des femmes ne concerne pas seulement les femmes. Il s’agit de parvenir à devenir une société prospère. »

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