Cinq femmes autochtones cheffes de file, qui méritent d’être connues

ONU Développement
6 min readAug 16, 2022

Écrit par Nina Kantcheva, Conseillère principale pour les politiques, engagement des peuples autochtones et des communautés locales

La Journée internationale des peuples autochtones cette année a mis en lumière le rôle des femmes autochtones dans la préservation et la transmission du savoir traditionnel.

En tant que gardiennes des ressources naturelles et archivistes des connaissances scientifiques et traditionnelles, les femmes autochtones jouent un rôle essentiel dans la protection des forêts et des écosystèmes naturels. Elles sont aussi en première ligne dans la mobilisation pour la justice climatique, en prenant l’initiative de défendre les terres et territoires des peuples autochtones et en revendiquant les droits collectifs de leurs communautés dans le monde entier.

Suite à la Journée internationale des peuples autochtones, dont le thème central était cette année « Le rôle des femmes autochtones dans la préservation et la transmission du savoir traditionnel », nous vous présentons cinq militantes autochtones pour le climat, qui méritent d’être connues :

1. Lola Cabnal, Maya Q’eqchí, Guatemala

Lola Cabnal est une Maya Q’eqchí, originaire d’une communauté rurale de la municipalité de Livingston, au Guatemala. Elle est Présidente du Consejo de Mujeres Indígenas y Biodiversidad [Conseil des femmes indigènes et de la biodiversité], et stratège en matière de défense du climat pour l’association Ak’ Tenamit.

Lola fait également partie des représentants des peuples autochtones et de la société civile au Conseil d’administration du Programme ONU-REDD, où elle a fait entendre la voix des femmes et des communautés autochtones. L’approche du Programme, axée sur l’inclusion, sur les droits de l’homme et sur la prise en compte des questions de genre, s’en trouve ainsi renforcée. Les populations autochtones et les autres communautés dépendant de la forêt sont souvent touchées de manière disproportionnée par les injustices climatiques et exclues du processus de décision politique, alors qu’elles sont détentrices de droits et de connaissances.

Le travail de Lola pour défendre les peuples Q’eqchí sur le plan politique est crucial, notamment pour les jeunes femmes autochtones. En sensibilisant les autres aux droits et aux connaissances de sa propre communauté, Lola a inspiré de jeunes militants autochtones pour le climat qui revendiquent le respect et la reconnaissance qui leur reviennent.

2. Verónica Inmunda, Kichwa, Équateur

Verónica Inmunda, une Kichwa de l’Amazonie équatorienne, est la coordinatrice jeunesse, culture et sports au sein de la CONFENIAE (Confédération des nationalités indigènes de l’Amazonie équatorienne). Étudiante en droit, elle se consacre en particulier à la protection des droits des peuples autochtones. Son cheval de bataille est la création d’un nouveau modèle visant à sensibiliser les élèves de la nouvelle génération aux connaissances et aux pratiques autochtones.

Verónica est l’un des cheffes de file de l’initiative Amazon Sacred Headwaters [zone sacrée de sources en Amazonie]. Cette initiative élabore une vision commune aux peuples indigènes, aux ONG, à la communauté philanthropique, aux entrepreneurs sociaux et aux gouvernements en vue de créer une zone protégée au Pérou et en Équateur. L’extraction industrielle des ressources y serait proscrite, et cette zone serait régie conformément aux principes autochtones traditionnels de coopération et d’harmonie, favorisant une relation homme-nature mutuellement enrichissante.

Cette initiative est menée par les fédérations autochtones amazoniennes CONFENIAE (Équateur), AIDESEP (Pérou), ORPIO et COICA, en partenariat avec Pachamama Alliance et Fundación Pachamama.

À propos de cette initiative, Verónica déclare : « Pour nous, les zones sacrées de sources sont un symbole de paix, d’harmonie, d’unité, et surtout, elles sont le symbole de la volonté que notre forêt tropicale soit toujours intacte dans cent ans et au-delà ».

3. Rukka Sombolinggi, Toraja, province de Sulawesi, Indonésie

Rukka, une Toraja originaire des régions montagneuses de Sulawesi, est la première femme secrétaire générale d’Aliansi Masyarakat Adat Nusantara (AMAN) [alliance des peuples autochtones de l’archipel], la plus grande organisation nationale de peuples autochtones du monde. Elle est également la nouvelle coprésidente de l’Alliance mondiale pour les communautés territoriales, un réseau mondial qui regroupe certains des plus grands réseaux autochtones œuvrant à la protection des forêts et à la promotion de solutions pour faire face au changement climatique grâce aux connaissances traditionnelles autochtones. Rukka et sa famille défendent rigoureusement les droits des peuples autochtones indonésiens depuis trente ans.

En 2007, Rukka a rejoint le Programme régional du PNUD pour les peuples autochtones au Centre régional Asie-Pacifique du PNUD à Bangkok, en Thaïlande, en tant que Spécialiste de programme, puis elle est revenue au sein de l’alliance AMAN début 2011, en tant que cheffe de projet. Tout au long de sa carrière, elle a porté la parole des communautés autochtones en Malaisie, aux Philippines, en Indonésie et au Timor-Leste, devenant ainsi une personnalité influente parmi les femmes autochtones, non seulement en Asie du Sud-Est, mais aussi dans le monde entier.

4. Hindou Oumarou Ibrahim, Mbororo, Tchad

Hindou, du peuple autochtone d’éleveurs nomades Mbororo, est la fondatrice de l’Association des femmes et des peuples indigènes peuls du Tchad (AFPAT). Cette organisation communautaire s’attache à promouvoir les droits des filles et des femmes dans la communauté Mbororo et à encourager le leadership et la protection de l’environnement. Hindou est une cheffe de file influente en matière de climat en Afrique, qui fait valoir l’importance des connaissances traditionnelles comme moyen de renforcer la résilience des communautés autochtones et forestières face à la crise climatique.

En 2016, Hindou a été sélectionnée pour représenter la société civile lors de la signature de l’historique Accord de Paris. Elle occupe maintenant plusieurs postes de direction et promeut activement la valeur des connaissances autochtones pour atténuer les effets du changement climatique. Elle est Coprésidente du Groupe de facilitation de la Plateforme des communautés locales et des peuples autochtones pour la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ainsi que membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies et membre du comité exécutif du Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique (IPACC).

Plus tôt cette année, lors d’une manifestation sur le financement de la lutte contre les émissions de carbone organisée pour le secteur forestier par l’organisation Forest Declaration Platform à l’occasion de la 21e session de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies, Hindou a déclaré : « En tant que peuples autochtones, nous savons comment protéger nos forêts. Nous savons comment gérer les fonds. Vous devez simplement respecter notre façon de faire. Nous voulons être des partenaires, et non des destinataires ou des bénéficiaires ». Hindou continue de plaider une cause d’importance cruciale : que le financement de l’action climatique soit directement transféré aux communautés autochtones.

5. Grace Balawag, Igorot Kankanaey, Philippines

Grace, une autochtone Igorot Kankanaey aux Philippines, est la coordinatrice adjointe du programme d’adaptation et d’atténuation du changement climatique du centre Tebtebba (Indigenous Peoples’ International Centre for Policy Research and Education) [centre international des peuples autochtones pour la recherche sur les politiques et l’éducation]. Elle coordonne également le partenariat des peuples autochtones sur le changement climatique, les forêts et le développement durable, appelé Partenariat Elatia, avec dix-neuf organisations de peuples autochtones de quatorze pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

Grace s’est lancée dans le militantisme politique en faveur des peuples autochtones au sein de Tebtebba aux niveaux régional et mondial, dans le domaine du changement climatique, de la biodiversité, du développement durable et des droits de l’homme, en particulier des droits des peuples autochtones. Elle a également représenté les peuples autochtones au conseil d’administration du Programme ONU-REDD et est actuellement membre du Groupe de facilitation de la Plateforme des communautés locales et des peuples autochtones pour la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

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