« Avec leurs propres mots », les jeunes innovateurs et défenseurs africains s’expriment sur la crise climatique et sont notre meilleur espoir pour y faire face

ONU Développement
9 min readAug 24, 2022

Des vagues de chaleur record. Des orages meurtriers. Des méga-sécheresses sur tous les continents.

Alors que les effets de la crise climatique ne font que s’aggraver, les pays étudient de toute urgence les voies possibles pour réaliser leur ambition en matière de climat. Une étape clé consiste à placer les jeunes au premier plan de l’action climatique, et à les aider à réaliser leur plein potentiel.

En Afrique, où vit la plus importante population de jeunes au monde, c’est encore plus vrai que partout ailleurs.

Désormais, alors que les pays de la région ne ménagent pas leurs efforts pour favoriser un avenir plus vert, plus durable et plus inclusif pour tous, les jeunes innovateurs et défenseurs africains s’expriment de plus en plus — et voici ce qu’ils ont à dire :

« L’avenir de l’humanité et de la planète est entre nos mains. Il est aussi entre les mains des jeunes d’aujourd’hui. » Programme de développement durable à l’horizon 2030, paragraphe 53.

Brittany Bull, 23 ans

Championne STIM, Afrique du Sud | Facilitatrice pour le projet « Les jeunes en robotique climatique » du PNUD en Afrique du Sud

Brittany Bull, 23 ans, facilitatrice pour le projet « Les jeunes en robotique climatique » [Youth in Climate Robotics] du PNUD en Afrique du Sud, s’est jointe à la Tournée jeunesse pour le climat [Youth Climate Tour] organisée en amont de la COP26 ; elle y a expliqué son parcours dans le domaine STIM, y compris son stage auprès de la startup technologique XinaBox et ses études en ingénierie des systèmes spatiaux aux États-Unis.

Photo : Karl Schoemaker

« Les effets du changement climatique en Afrique du Sud se manifestent par l’augmentation des températures extrêmes et des phénomènes météorologiques comme les inondations dans la province du KwaZulu-Natal. Ils impactent considérablement notre secteur agricole et, par conséquent, notre sécurité alimentaire.

L’avenir peut sembler sombre à première vue, mais être une mentore et une facilitatrice auprès de MaxIQ Space, et travailler sur des programmes de sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) dans le cadre desquels je peux guider des esprits plus jeunes vers la conception et l’innovation de solutions possibles à ces problèmes, me donnent grand espoir pour l’avenir. Voir des étudiants proposer des solutions innovantes encore plus créatives à l’aide de l’Internet des objets, qui cible des problèmes qui nous concernent tous personnellement, est remarquable.

Mon parcours a commencé de la même manière que la plupart des étudiants avec lesquels je travaille actuellement, et pour moi, la boucle est en train de se boucler. Avec davantage d’opportunités pour les étudiants de tous les horizons d’avoir accès à l’innovation plus tôt, je suis optimiste que l’action climatique prendra de l’ampleur. »

Kevin Ossah, 24 ans

Activiste pour le climat, Togo | Co-fondateur et directeur exécutif de l’Organisation des jeunes engagés pour le développement durable (Ojedd International)

Photo fournie par Kevin Ossah

« Le changement climatique affecte le Togo avec l’érosion côtière, les sécheresses et les inondations. Au niveau local, la perte de ressources naturelles, de biodiversité et l’impact sur l’agriculture — principale source de revenus des communautés — est énorme.

Nous devons agir en tant que jeunes car nous avons l’obligation de léguer une planète durable aux générations futures. À l’heure actuelle, nous ne pouvons pas nous satisfaire des progrès accomplis [en matière d’action climatique] car il reste encore un long chemin à parcourir. Mais nous pouvons encore espérer un monde meilleur — des solutions existent. Les acteurs étatiques doivent prendre des décisions et mettre en place un cadre favorable à l’action climatique. Les acteurs non étatiques (ONG, associations, fondations, etc.) peuvent mettre en œuvre des projets en faveur des communautés vulnérables, notamment les jeunes et les femmes. Dans cette optique, les organisations de jeunes doivent être soutenues plus que jamais. »

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Kiadiatu Sheriff, 25 ans

Défenseure des jeunes, Libéria | Co-fondatrice du groupe de la jeunesse libérienne pour l’action climatique [Liberian Youth for Climate Action]

Photo : PNUD Libéria

« Le Libéria est l’un des poumons de la Terre. La quasi-totalité de la population dépend des forêts pour l’utilisation du charbon de bois et l’atteinte d’autres objectifs. Ceci est un problème car la combustion du charbon de bois libère des niveaux élevés de dioxyde de carbone et représente l’un des principaux moteurs de la déforestation.

L’action contre le changement climatique est un problème émergent pour la jeunesse libérienne — qui représente plus de 54 % de la population — pour un certain nombre de raisons. Et je crois que notre rôle ne peut pas être surestimé.

À l’heure actuelle, nous avons besoin de capacités renforcées dans tous les secteurs sensibles au climat, et d’une évaluation du potentiel des emplois verts dans notre économie. Cela contribuera à lutter contre le chômage élevé chez les jeunes, y compris les personnes handicapées.

Il est impératif que le programme scolaire de nos écoles intègre des sujets liés au changement climatique, à la dégradation de l’environnement et aux problèmes connexes, et qu’il soit associé à des connaissances pratiques pour préparer les jeunes esprits aux emplois verts après l’obtention de leur diplôme.

Enfin, les jeunes doivent être inclus dans la recherche universitaire et dans les processus décisionnels liés au climat. La connaissance et l’innovation doivent être stimulées par le mentorat, le financement, et le soutien à la mise en œuvre. »

Martin Tumusiime, 25 ans

Entrepreneur en technologie, Ouganda | Co-fondateur et directeur général de l’entreprise de gestion des déchets Yo-Waste

Photo : Yo-Waste

« En Ouganda, nous assistons à un changement des conditions météorologiques en raison de la crise climatique, ce qui affecte énormément les moyens d’existence de millions d’Ougandais qui travaillent dans le secteur de l’agriculture. À Kampala, il y a eu une augmentation des inondations dans certaines parties de la ville, rendant ces quartiers plus dangereux à vivre quand il y pleut.

Pour nous, le changement climatique est bien réel. Nous constatons déjà son impact sur nos communautés, et c’est pourquoi nous agissons. Par exemple, de nombreux jeunes proposent des innovations révolutionnaires et créent des entreprises sociales pour lutter contre certains des facteurs qui contribuent au changement climatique dans nos communautés. Chez Yo-Waste, nous avons réalisé que lorsque les ordures des gens ne sont jamais ramassées à temps, ils ont tendance à recourir à des mécanismes désespérés pour gérer et éliminer leurs déchets, comme les jeter dans des canaux d’eau ou les brûler à l’air libre, ce qui contribue aux émissions de gaz à effet de serre et à d’autres risques environnementaux tels que les inondations.

Chez Yo-Waste, nous avons créé une application mobile pour connecter les générateurs de déchets (c’est-à-dire les ménages et les entreprises locales) aux collecteurs de déchets locaux dans leurs communautés pour une collecte efficace et une élimination appropriée de manière à ne pas nuire à notre environnement. Certaines de nos réussites incluent la municipalité d’Entebbe où plus de 1 000 ménages utilisent désormais notre application pour gérer et éliminer en toute sécurité 10,5 tonnes de déchets solides municipaux par jour, éliminant ainsi plus de 300 tonnes de déchets qui auraient fini dans les rues, les canaux d’eau, ou brûlés à l’air libre et contribuant ainsi au changement climatique.

Elizabeth Gulugulu, 31 ans

Défenseure de l’action climatique, Zimbabwe | Membre de l’Initiative de la jeunesse africaine sur le changement climatique au Zimbabwe

Photo fournie par Elizabeth Gulugulu

« Le Zimbabwe dépend fortement de l’agriculture pour la sécurité alimentaire des ménages et du pays. Le secteur emploie 70 % de la population. Des déficits pluviométriques prolongés ont entraîné des sécheresses, affectant gravement la production alimentaire et les moyens d’existence des populations. De fortes précipitations entre certaines saisons (par exemple en 2019) ont contribué à des inondations massives qui ont détruit des infrastructures, entraîné une migration climatique, et contribué à un certain nombre de décès.

C’est pourquoi il est important de diffuser des informations sur le changement climatique : une communauté éduquée est une communauté responsabilisée et résiliente. L’espoir subsiste si les dirigeants mondiaux s’engagent et si la population générale comprend qu’elle aussi peut jouer un rôle en réduisant son empreinte carbone et en tenant les gouvernements responsables de l’action climatique. »

Ange Imanishimwe, 36 ans

Lauréat du programme de formation YouthConnekt, Rwanda | Directeur exécutif pays pour la Biodiversity Conservation Organization (BIOCOOR)

Ange Imanishimwe, lauréat du programme intensif YouthConnekt au Rwanda, s’est joint à la Tournée jeunesse pour le climat [Youth Climate Tour] du PNUD pré-COP26 ; il y a expliqué son expérience dans les domaines de la conservation forestière et du développement communautaire dans le sud-ouest du Rwanda.

Photo fournie par Ange Imanishimwe

« Les agriculteurs locaux près du parc national de Nyungwe au Rwanda vivent dans une pauvreté extrême car l’acidité du sol et le changement climatique entraînent un faible rendement des cultures. Les mauvaises conditions agricoles ont conduit à des activités illégales, telles que le braconnage et la déforestation, comme moyen de survie. Ces activités nuisent à l’environnement, c’est pourquoi notre organisation essaie de préserver la forêt tout en influençant simultanément le développement économique des personnes vivant à proximité du parc national.

Les jeunes Rwandais s’efforcent d’intégrer la conservation de la biodiversité, l’agriculture, la nutrition, la gestion de l’environnement, l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, la santé communautaire et l’écotourisme pour avoir un effet positif sur l’économie locale. Ces pratiques contribuent également à préserver la forêt car les ressources restent intactes et le parc aide à attirer les touristes, ce qui crée des revenus pour les communautés locales. La BIOCOOR a lancé des projets pour promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes, les pratiques d’eau potable et d’assainissement, les pratiques agroécologiques, l’élimination des plantes envahissantes qui endommagent la forêt, ainsi que l’amélioration du sol et le compostage. Notre organisation a créé plus de 3 800 emplois pour la population locale.

Notre objectif est de créer 15 000 emplois verts au cours des cinq prochaines années en restaurant 2 000 hectares de forêt et en plantant 100 000 espèces d’arbres indigènes dans les communautés.

En fin de compte, la protection du climat et la conservation de la biodiversité sont étroitement liées, et nous en sommes tous responsables. »

Shamiso Winnet Mupara, 38 ans

Scientifique spécialiste de l’environnement, Zimbabwe | Directrice exécutive du Fonds des amis de l’environnement du Zimbabwe [Environmental Buddies Zimbabwe Trust]

Photo fournie par Shamiso Winnet Mupara

« J’ai grandi à Marange où nous avons toujours connu des sécheresses et des précipitations imprévisibles. Dans les moments les plus difficiles, les filles servent de monnaie d’échange pour nourrir les familles ou pour subvenir aux besoins des familles par le mariage. Les problèmes liés à la pauvreté, à la dégradation de l’environnement, au climat et à l’insécurité alimentaire sont étroitement liés dans notre vie sociale, et il est nécessaire d’y trouver une solution.

Prendre soin de l’environnement, c’est prendre soin de l’humanité. En tant que défenseure de la justice climatique, je veux voir un développement durable qui profite à tous. Je veux voir des moyens d’existence qui s’améliorent grâce à la restauration des terres, et non pas de la richesse accumulée en abusant des ressources naturelles aux dépens des communautés locales.

Les efforts actuellement déployés par les organisations locales, les communautés et la collaboration internationale pour soutenir l’action climatique, y compris l’éducation, la sensibilisation et le renforcement des capacités, sont l’espoir qui nous fait vivre. Nous pouvons nous attaquer aux problèmes que nous connaissons. La connaissance aidera à changer les attitudes, et les attitudes changeront nos pratiques. J’espère voir davantage de femmes, de jeunes et d’enfants inclus dans les prises de décision sur l’action climatique parce qu’ils sont des parties prenantes à part entière et que leurs points de vue comptent.

Dans le cadre de l’initiative Climate Promise, le PNUD s’est engagé à relayer la voix des jeunes lors de la prise de décisions sur l’action climatique et l’avenir de leurs communautés par le développement des capacités, la participation politique, et le soutien aux jeunes innovateurs. Pour plus d’informations, téléchargez le rapport ‘Viser plus haut : Accroître l’engagement significatif des jeunes pour l’action climatique’ [Aiming Higher: Elevating Meaningful Youth Engagement for Climate Action].

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