Les communes du Burundi, point d’ancrage de réalisation des Objectifs de Développement Durable

24 juin 2021

©PNUD Burundi/Aaron Nsavyimana,Lancement d'un atelier de 2 jours de capitalisation des expériences sur le processus de localisation des ODD dans 14 communes des provinces Rumonge, Karusi, Cankuzo et Kirundo.

Adoptés en septembre 2015 par tous les gouvernements du monde, les ODD (Objectifs de Développement Durable), restent un vaste programme visant à transformer le monde à l’horizon 2030. Un engagement des Etats à éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes, à lutter contre les inégalités, à construire des sociétés pacifiques, inclusives et résilientes, en s’assurant de l’avenir de la planète et le bien-être des générations futures.

Le Burundi, en partenariat avec ses partenaires au développement, a inscrit dans ses priorités cet agenda qui vise à « ne laisser personne de côté ». Associant le pouvoir central et les décideurs locaux, le Burundi, appuyé par le PNUD, a entamé leur réalisation par leur contextualisation et priorisations des cibles prioritaires au niveau local pour répondre aux besoins réels   et spécifiques ressentis par les populations à la base.

L’expérience de cette localisation a été amorcée par l’intégration des ODD dans les plans communaux de développement communautaire, une étape primordiale dans la localisation des ODD 14 communes pilotes des provinces Cankuzo, Karusi, Kirundo et  Rumonge furent ciblées pour l’expérimenter.

Aujourd’hui, l’heure est au partage d’expériences. C’est dans ce cadre que le Ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique en charge du développement communautaire et le PNUD, ont organisé, du 23 au 24 juin 2021, à Karusi, un atelier de capitalisation des expériences sur ce processus de localisation des ODD.

Lors de cet atelier, Mme Binta Sanneh, Représentante Résidente Adjointe chargée des Opérations et du Programme au PNUD Burundi, a rappelé le rôle capital que doivent jouer les communes dans la réalisation des ODD. « Les communes, au-delà d’être appelées à participer à la mise en œuvre de l’agenda 2030, sont responsables de l’offre de biens et services publics locaux et sont de ce fait des vecteurs déterminants de changement. Leur niveau est d’ailleurs le mieux indiqué pour relier les objectifs mondiaux aux communautés locales étant donné que 70% au moins de la mise en œuvre de l’agenda doit être localisé pour espérer atteindre de façon efficiente les ODD », souligne Binta.

En effet, la légitimité des communes dans la galaxie des parties prenantes à la mise en œuvre des ODD se trouve renforcée par le principe de subsidiarité qui fait des entités infranationales le niveau le plus qualifié pour apporter des réponses aux préoccupations liées à l’accès aux services sociaux de base tels que l’eau et l’assainissement, l’éducation, la santé et autres services.

S’adressant aux administratifs présents à l’atelier, Mme Binta a indiqué que leur compréhension de l’agenda 2030 en tant qu’acteurs locaux est la seule façon d’obtenir des impacts concrets et positifs sur la vie des personnes en général, et en particulier, sur le quotidien des jeunes, des femmes et des plus vulnérables. « Pour qu’il en soit ainsi, les ODD doivent être ancrés dans toutes les pratiques de développement au niveau local sur la base d’un leadership local bien compris qui doit être reconnu et valorisé, pour encourager l’action participative et inclusive, nécessaire et indispensable pour un développement durable », ajoute Binta.

Faisant référence à la période actuelle marquée par la Covid-19, elle a fait remarquer que pour assurer une mise en œuvre réussie pendant et après cette pandémie de covid-19, et avoir un effet transformationnel sur les économies, les pays sont invités à adopter leur propre stratégie afin de contextualiser, et définir leurs priorités en tenant compte de leur contexte national et local et des impacts actuels et futurs de la pandémie. Elle les a invités à penser à d’autres pandémies qui peuvent surgir et engendrer le bouleversement dans l’ordre des priorités, réorienter les dépenses publiques et perturber la trajectoire des progrès vers l’atteinte des ODD. Il a surtout insisté en disant que tous ce qui est dépenses publiques doivent être en faveur de la population.

Ouvrant l’atelier, M. Martin Ninteretse, secrétaire permanent au ministère chargé de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique, a rappelé aux administratifs présents leur responsabilité dans le développement de leurs entités avant de les appeler à utiliser les moyens à leur disposition pour le développement de la population. Il leur a rappelé que d’ici 2030, tous les burundais  devraient avoir de quoi manger et de l’argent en poche, citant  ce proverbe kirundi « inka igira amaso manini ariko ntiyibonera » qui signifie que les vaches ont des gros yeux mais ne peuvent pas s’orienter eux-mêmes ;Par là le secrétaire permanent voulait montrer le rôle de l’administration auprès de la population, «C’est vous qu’on voit à la place de la population et la population voit ce que vous faites et l’évalue », a dit Martin.

Martelant que cet atelier organisé avec le PNUD matérialise l’engagement résolu pour promouvoir une plus grande cohérence et coordination au niveau des communes et dans tout le pays afin de répondre aux besoins des populations burundaises dans la recherche du développement durable, il a également  demandé que tout le processus soit inclusive ( associé la population dans la prise des décisions qui les concernent.  Il a invité les participants à mettre à contribution l’expérience vécue lors de la localisation des ODD dans leurs communes. Ainsi, ils ont eu à apprécier le niveau de satisfaction, de pertinence de la localisation, à identifier les lacunes du processus et à proposer des solutions correctives.

Rappelons que le processus devant mener à l’atteinte des ODD à l’horizon 2030 met l’accent sur l’importance de la chaine de planification, de programmation et de mise en œuvre des interventions requises au niveau national autant qu’aux niveaux décentralisé et local. Dans le cas du Burundi, cette importance a été bien appréhendée notamment par le positionnement des communes comme interface entre les objectifs globaux adoptés au niveau international et leur traduction en actes concrets auprès des populations locales.