Un partenariat pour ne laisser personne de côté

Comment CADRI aide les pays à investir dans la réduction des risques de catastrophe.

11 octobre 2019

Un rapport de la Commission mondiale sur l'Adaptation (en anglais) montre à quel point notre monde est loin d’être prêt à faire face aux conséquences inévitables de la crise climatique. Si nous n'agissons pas, 100 millions de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans la pauvreté d'ici 2030 et le nombre de personnes en pénurie d’eau pourrait grimper à cinq milliards. Cela provoquerait un acharnement sans précédent pour les ressources, alimenterait les conflits et les migrations, et ferait fuir des centaines de millions de personnes d'ici 2050.

Les priorités les plus urgentes sont la mise en place de solides systèmes d’alerte précoce, la mise au point de cultures capables de résister à la sécheresse, la restauration des mangroves pour protéger les côtes, l’investissement dans des infrastructures adaptées au climat et le renforcement de la préparation aux épidémies.

Cela fait appel à une approche associant les secteurs de l'agriculture, de l'environnement, de la santé, de l'éducation et de l’infrastructure.

Ne laisser personne de côté

C’est ce que nous faisons à l’Initiative sur la capacité de prévention des catastrophes ( en anglais Capacity for Disaster Reduction Initiative, CADRI ) : un partenariat de 20 organisations engagées dans la réalisation des Objectifs mondiaux à l'horizon 2030. CADRI fait partie des efforts conjoints de l'ONU pour ne laisser personne de côté.

Le partenariat est un exemple de concrétisation de la réforme du système de développement des Nations Unies. C’est aussi un exemple du rôle déterminant que le PNUD peut jouer pour faciliter la prestation de services entre divers organismes spécialisés et gouvernements.

Au cours de la dernière décennie, notre partenariat a aidé 32 pays à identifier les domaines socio-économiques où investir pour diminuer les risques de catastrophe. Nous avons des équipes multidisciplinaires qui aident les gouvernements à évaluer leurs systèmes de gestion des risques de catastrophe et à hiérarchiser leurs investissements.

En août 2019, nous avons répondu à une demande du gouvernement mauricien pour l’aider à identifier ses besoins face aux catastrophes. Onze experts de la FAO, de l'OIM, de l'OCHA, du PNUD et de l'OMS, ainsi que de l'Union européenne, de l'Inde, d'Israël et de l'ONG Map Action se sont joints à moi. En deux semaines, nous avons rencontré 55 ministères différents, des municipalités, ainsi que des représentants du secteur privé et de la société civile, et écouté leurs différents points de vue ainsi que leurs recommandations.

Comme la plupart des petits États insulaires en développement, Maurice est extrêmement vulnérable au changement climatique et aux catastrophes en raison de sa forte dépendance au tourisme et aux infrastructures de transport. Si le port de Maurice est fermé plusieurs jours par mois en raison de la houle ou de la tempête, c'est l'ensemble de l'économie qui en pâtit. Des saisons cycloniques de plus en plus irrégulières éloignent également les touristes.

Investir dans la prévention et l'atténuation de risque

Maurice est réputé pour ses investissements dans la préparation aux cyclonex et ses interventions d'urgence dans les communautés, mais le gouvernement est profondément conscient de la nécessité d'investir dans la prévention et l'atténuation. Le pays est également vulnérable aux risques environnementaux liés à la pollution industrielle, aux déchets toxiques et aux incendies.

Le changement climatique n'est pas le seul facteur contribuant aux désastres. Une urbanisation rapide non planifiée et le développement des infrastructures ont augmenté la fréquence d’inondations soudaines, exposant les populations à un risque accru de maladies d'origine hydrique et cutanée.

Tous les Mauriciens ne sont pas égaux face au changement climatique et aux désastres. Certains, en particulier ceux d'origine africaine, les femmes cheffes de ménages, les enfants, ou encore les migrants vivant dans des bidonvilles, sont plus vulnérables à ces catastrophes.

C’est pourquoi, dans l’évaluation de l’investissement dans la réduction des risques, la santé, l’éducation, l’eau et l’assainissement apparaissent tout aussi importants que le tourisme, l’agriculture, l'infrastructure et l’environnement.

Un double défi

À l'instar de nombreux pays à revenu moyen, Maurice est confronté à un double défi de transformation structurelle : créer un environnement propice au maintien de sa compétitivité et continuer à attirer les investissements étrangers directs, tout en appliquant un cadre réglementaire pour protéger sa population et ses ressources naturelles.

Le gouvernement, le secteur privé et la société civile le reconnaissent tous : la zone côtière est d'une importance majeure pour l'économie du tourisme, pour les personnes, la culture et les moyens de subsistance. Ils reconnaissent également que, malgré un cadre juridique solide, le développement urbain se poursuit dans des zones à risque et pourrait même augmenter l'impact d'une catastrophe. Un exemple typique est que, depuis le déclin de l’industrie de la canne à sucre, la conversion des terres agricoles et le remblayage des zones humides en vue de développer l’économie du tourisme et des services ont parfois conduit à la destruction du système de drainage naturel, contribuant en retour à accroitre la fréquence des crues soudaines.

Nos entretiens ont également révélé que le manque d’égouts est l’un des problèmes le plus pesant : seul 29% des habitants de l’île sont raccordés au réseau d’égouts ce qui augmente le risque d'épidémie, en particulier lors de tempête et d'inondations.

Investir dans une infrastructure résiliente

La Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe, qui se tient le 13 octobre, démontre comment les populations et communautés du monde entier gèrent leur vulnérabilité face aux risques. Le thème de cette année met l’accent sur la réduction des dommages causés aux infrastructures critiques et sur la prévention des perturbations des services de base.

L’équipe CADRI a recueilli plusieurs recommandations en ce sens à Maurice. Entre autres, appliquer une approche de planification spatiale permettrait de s'assurer que les infrastructures sociales et physiques (drainage, égouts, routes) peuvent suivre le rythme du développement. La première étape consiste à étendre l'utilisation des systèmes d'information géographique à divers ministères et secteurs. Un autre moyen consiste à fournir des possibilités de formation en ingénierie géotechnique, éventuellement par le biais d'un programme de bourses d'études avec les pays voisins.

En se basant sur les conclusions et les recommandations documentées dans l’évaluation de notre équipe, CADRI continuera d'appuyer le gouvernement et l’équipe des Nations Unies à Maurice dans la poursuite des priorités accordées à la réduction des risques de catastrophe.

Un partenariat pour ne laisser personne de côté

En août 2019, 11 experts de la FAO, de l'OIM, de l'OCHA, du PNUD et de l'OMS, ainsi que de l'Union européenne, de l'Inde, d'Israël et de l'ONG Map Action ont rencontré 55 ministères différents, des municipalités, ainsi que des représentants du secteur privé et la société civile mauricienne et ont écouté leurs points de vue et leurs recommandations. Photo : Ramatoulaye Moussa Mazou / PNUD Maurice