Quand action climatique rime avec égalité des sexes

13 septembre 2019


Le changement climatique modifie déjà la face de notre Planète. La recherche (IPCC, anglais) montre que nous devons déployer tous nos efforts au cours de la prochaine décennie pour limiter le réchauffement à 1,5° et atténuer les risques catastrophiques posés par l'augmentation des sécheresses, des inondations et des événements météorologiques extrêmes.

Mais nos actions ne seront efficaces que si elles incluent des mesures visant à garantir la justice sociale, l'égalité et une perspective de genre. Alors, comment intégrer l'égalité des sexes dans les actions contre le changement climatique?

Avec un accès limité à la terre et à des ressources essentielles comme les finances, la technologie et l'information, les femmes et les filles souffrent davantage des conséquences des catastrophes naturelles et souffrent de charges plus lourdes dans le travail domestique et les soins.

Le temps qu'elles passent à collecter de l'eau, du bois de chauffage et du fourrage augmente, du fait des sécheresses, des inondations et de la déforestation, contrecarrant leurs études ou leurs loisirs.

Ce n'est pas seulement de la théorie. Par exemple, les femmes et les enfants représentaient plus de 96% des personnes touchées par les crues soudaines aux Îles Salomon en 2014 et au Myanmar, les femmes représentaient 61% des décès causés par le cyclone Nargis en 2008.

Les femmes et les filles restent également marginalisées dans les sphères de décision, du niveau communautaire aux Parlements en passant par les négociations internationales sur le climat. Le financement climatique mondial pour les programmes d'atténuation et d'adaptation reste hors de leur portée en raison de leur manque de connaissances et de capacité à puiser dans ces ressources.

Malgré ces défis, les femmes et les filles jouent un rôle essentiel dans des secteurs clés liés au climat, comme par exemple la demande d'énergie renouvelable au niveau des ménages et de la communauté pour l'éclairage ou la cuisine que la communauté internationale doit désormais soutenir.

Les femmes sont gardiennes des méthodes agricoles traditionnelles, premières intervenantes en situation de crise, fondatrices de coopératives, entrepreneuses de l'énergie verte, scientifiques et chercheuses en matière d'utilisation durable des ressources naturelles.

Elles représentent en moyenne 43% de la main-d'œuvre agricole dans les pays en développement et gèrent 90% de tous les besoins des ménages en eau et en bois de chauffe en Afrique. Certaines études ont démontré que si les femmes avaient un accès égal aux ressources, leur production agricole dépasserait celle des hommes de 7 à 23%. Il est donc impératif d’embrasser et d’amplifier les initiatives de 51% de la population mondiale.

Ces derniers temps, les femmes et les filles ont utilisé leurs connaissances et leur expérience pour diriger les efforts d'atténuation. Du développement d'applications pour suivre et diminuer le carbone émis par la consommation individuelle, à la réduction du gaspillage de nourriture en connectant voisins, cafés et magasins locaux pour partager les restes et les invendus.

De jeunes scientifiques, comme l'adolescente sud-africaine Kiara Nirghin, font une différence dans la lutte contre le changement climatique. Elles s'appuient sur l'héritage de femmes comme la lauréate du prix Nobel Wangari Maathai, qui a donné aux communautés les moyens de gérer leurs ressources naturelles de manière durable.

Dans le même temps, le PNUD et ONU Femmes collaborent à faire progresser l’égalité des sexes et le leadership des femmes en matière de changement climatique. Par exemple, en Équateur, les deux agences des Nations Unies se sont associées au Gouvernement pour soutenir l'inclusion du genre dans les plans d'action climatique du pays.

Si les politiques et les projets tiennent compte des rôles, des besoins et des contributions des femmes à l'action pour le climat et soutiennent leur autonomisation, nous aurons plus de chances de limiter le réchauffement à 1,5° Celsius. Nous devons continuer à tirer parti de leurs expériences sur le terrain pour rassembler les bonnes pratiques et élargir des actions climatiques plus inclusives.

Plusieurs initiatives reconnaîssent l'impact différentiel du changement climatique sur les femmes et les filles et demandent que leurs droits, leurs besoins différenciés et leurs contributions soient intégrés dans toutes les actions, y compris celles liées au financement climatique, à l'énergie, à l'industrie et aux infrastructures.

Pour que l’action climatique gagne du terrain et soit efficace, nous avons besoin d’une masse critique de gouvernements et d’autres parties prenantes. Le monde ne peut pas se permettre de continuer à limiter le potentiel des femmes et des filles à façonner les actions climatiques, car tout démontre les avantages de leur implication.

Le moment est venu pour une action climatique sensible au genre.