Parcs de poche au Népal

ONU Développement
3 min readJan 15, 2020

Par Aliska Bajracharya

Pour les résidents de villes densément peuplées comme la capitale, Katmandou, les parcs sont un luxe. Vue de Katmandu depuis le temple de Swoyambu, comparée à une photo de 1967. Photo: PC Nepal Photo Project/Nepal Picture Library- Marcopanzetti.com

Quand j’étais enfant, mon père m’emmenait souvent dans une aire de jeux à deux pas de chez moi. C’était un petit espace ouvert avec un grand arbre, un lieu de rencontre pour enfants et adultes, qui est devenu depuis une décharge pour matériaux de construction. C’était il y a seulement 15 ans, mais la ville était alors bien différente : plus propre, plus verte et plus belle. L’esprit d’appartenance à la communauté y était aussi plus fort.

Nous nous demandons souvent pourquoi les choses changent si radicalement, mais la réalité est que, dans un contexte de croissance économique, le changement est synonyme de bâtiments toujours plus grands, de routes toujours plus étroites et de circulation toujours plus dense…

En tant que « cartographe de solutions » du laboratoire accélérateur d’innovations, (Accelerator Labs en anglais) du PNUD au Népal, je garde un œil sur de possibles solutions locales aux défis de développement auxquels le pays fait face, comme par exemple l’urbanisation sauvage.

L’urbanisation sauvage est à l’origine de nombreux problèmes tels que la mauvaise gestion des déchets, l’augmentation de la pollution atmosphérique et le manque d’espaces verts. Photo : Unsplash @v2osk

Pour les résidents de villes densément peuplées comme la capitale, Katmandou, les parcs sont un luxe. Chaque coin de rue abrite soit un marché, soit un temple, soit un espace public négligé où s’accumulent les déchets.

Pourtant il existe pour des projets d’espaces verts une allocation budgétaire claire du gouvernement ainsi qu’une exigence tout aussi claire de la part des habitants… Pourquoi y a-t-il donc un décalage entre les deux ?

Travailler en harmonie

Lors d’une de nos visites de repérage à Lalitpur, la 3è ville du pays, nous avons rencontré un groupe de bénévoles nommé « Vriksha » (arbre en népalais) qui, en seulement huit mois, avait mené à bien plusieurs projets de nettoyage d’espaces verts afin rendre la ville plus habitable.

Nous nous sommes donc associés à Vriksha, la communauté locale et les autorités municipales pour notre première intervention « d’urbanisation tactique ». Notre mission : convertir des friches urbaines en parcs de poche écologiquement durables. Il s’agit d’aménager des espaces de détentes et de multiplier les étendues vertes dans les villes, mais aussi d’établir des zones de refuge en cas de catastrophe naturelle, le tout en étroite collaboration avec les communautés pour un développement inclusif.

Mais des initiatives comme celle-là ne peuvent décoller que si le gouvernement allège les restrictions réglementaires, tandis que les interventions gouvernementales ne prospèreront que si la population les accepte. Le gouvernement local et la communauté doivent donc travailler ensemble pour faire des parcs de poche une réalité.

C’est là que notre Lab entre en jeu, en les aidant à se rencontrer à mi-chemin. Lors du premier atelier, des membres de la communauté, des représentants du gouvernement, du secteur privé et des architectes se sont réunis pour discuter du fonctionnement de ces parcs en termes d’utilisation, d’entretien et d’accessibilité.

« Ces conseils de quartier ont aidé à faire la lumière sur les frustrations individuelles des habitants. Je suis motivé par leur enthousiasme et leur appui au gouvernement pour faire des parcs de poche une réalité », explique Prabin Shresth, membre du conseil métropolitain de Lalitpur.

Des matériaux recyclés

Notre Lab envisage également d’intégrer dans la conception de ces nouveaux parcs des innovations locales tels que des sentiers en plastique recyclé et des meubles d’extérieur fabriqués avec des pneus abandonnés. Nous utilisons l’expertise de l’équipe environnementale du PNUD pour surveiller les émissions de CO2 et la séquestration du carbone lors de la plantation d’arbres. Des innovations qui, nous l’espérons, répondront aux besoins de ceux qui vivent à proximité.

Nous comptons entreprendre cette démarche dans sept autres endroits de la ville dès janvier 2020. Au vu des plus de 30 zones de friches que compte la ville, ce ne sera pas une tâche facile. Mais les progrès que nous constatons déjà nous rendent optimistes quant à l’avenir de l’initiative dans d’autres provinces du Népal.

Aliska Bajracharya dirige la cartographie des solutions de l’Accelerator Lab PNUD Népal

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