Iraq : le combat des Syriennes dans les camps de réfugiés
En fuyant les combats en Syrie, Zainab, 20 ans, espérait trouver la sécurité dans le camp de réfugiés d'Arbat à Souleimaniye en Iraq.
Mais elle n'a pu pas échapper à la violence chez elle. Forcée par son père à épouser un homme abusif, elle a fui à nouveau pour se réfugier dans un foyer d'accueil de femmes, où elle a tenté de se suicider.
À retenir
- Projet : Renforcer la protection des réfugiées syriennes vulnérables contre la violence sexuelle et sexiste et la traite
- Partenaires : FNUAP, Direction de la lutte contre la violence faite aux femmes et Direction de l'emploi et des affaires sociales de la région du Kurdistan.
- Régions : Mis en œuvre dans trois gouvernorats de la région du Kurdistan (Erbil, Souleimaniye et Duhok).
Zainab n'est pas un cas isolé parmi les réfugiés syriens en Iraq, en majorité femmes et enfants – jusqu'à 80% dans certains camps, selon les estimations du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
La vie est dure pour tous ceux qui ont fui la violence en Syrie, mais elle peut être particulièrement rude pour les femmes et les enfants. Les femmes séparées de leurs communautés et de leurs familles sont souvent plus exposées, de la traite des êtres humains au mariage précoce, en passant par la violence et les sévices. Le manque de protection juridique, d'information sur leurs droits et, dans beaucoup de cas, les attitudes culturelles ne font qu'exacerber le problème.
En réponse, le PNUD a initié, avec le Fonds des Nations Unies pour la Population et d'autres partenaires, plusieurs programmes de protection des réfugiées au Kurdistan, qu'elles vivent dans les camps d'Erbil, de Duhok, de Souleimaniye ou ailleurs.
Un de ces projets aide les femmes abandonnées par leur mari et les veuves de guerre à surmonter les obstacles juridiques et à subvenir aux besoins de leurs familles. Pour des femmes comme Fatima, une quadragénaire réfugiée en Iraq avec son mari et ses six enfants, la loi offre peu de protection en cas de problème conjugal.
« À la suite d'un malentendu, mon mari a décidé de me quitter car notre mariage avait seulement été consacré par un mollah et n'avait été pas déclaré à l'État civil », dit Fatima. Comme beaucoup d'autres femmes vivant la même situation, elle n'avait pas de document officiel et donc aucune possibilité de recours judiciaire. « C'était terrifiant, et je ne savais pas comment subvenir aux besoins de mes enfants. »
Sans homme comme chef de ménage, la famille de Fatima s'est retrouvée dépourvue de moyens de subsistance. Heureusement, un médiateur désigné par le centre juridique et social du PNUD a aidé le couple à résoudre ses différends.
« Je suis beaucoup plus heureuse à présent », se réjouit Fatima. « Mon mari est revenu au foyer et nous avons déclaré notre mariage au tribunal. Je n'ai plus à craindre pour mon avenir. »
Pour les rescapées de la violence, du viol, de l'enlèvement ou de la traite, le PNUD offre des services de conseil juridique et recrute des avocats chargés d'aider et de représenter les victimes et leurs familles. Elles sont également orientées vers les prestataires de soins de santé et bénéficient d'un soutien psychosocial.
« Notre travail dans le domaine de la violence domestique et sexiste a été difficile à cause des barrières culturelles et sociales mais aussi en raison de la stigmatisation liée à la violence sexuelle de manière générale », indique Nahid Hussein du PNUD. « Mais les résultats sont encourageants. Le nombre de cas signalés a fortement augmenté depuis que nous avons ouvert des bureaux d'assistance dans les camps. »
Depuis que Zainab s'est réfugiée au foyer d'accueil des femmes en octobre, l'avenir paraît plus prometteur. Informé de son cas par une ONG locale, le PNUD lui a trouvé un avocat, pour une assistance judiciaire gratuite, mais aussi un travailleur social pour le conseil et le soutien psychosocial.
« Je ne me sens plus seule », confie Zainab. « Grâce à l'assistance juridique et sociale, je suis plus optimiste quant à un nouveau départ dans la vie. »