COVID-19 : recrudescence de la pauvreté extrême en Côte d’Ivoire

Des mesures ciblées telles que des allégements fiscaux pouraient aider, selon notre étude

6 juillet 2020

 

Abidjan – Quatre fois plus de ménages « extrêmement pauvres » : c'est l’impact socio-économique de la COVID-19 en Côte d’Ivoire, selon une nouvelle évaluation du PNUD et des autorités nationales qui étayera les programmes d’aide au relèvement du pays.

Trois enquêtes auprès des ménages, des entreprises et de l'économie informelle ont révélé que les travailleurs informels subissaient de plein fouet la pandémie et la perte d’entreprises et d'emplois qu’elle entraînait (85%), replongeant de nombreuses personnes dans l’extrême pauvreté.

Dans le même temps, notre évaluation rapporte que plus de deux tiers des ménages – ou 71,7% – ont déclaré un revenu inférieur depuis le début de la crise. Au total, quelque 1,3 million d'emplois, soit environ un tiers de tous les emplois informels, ont déjà été perdus à la suite de la pandémie et des mesures de confinement.

Comme souvent dans des crises, les personnes les plus vulnérables sont celles les plus durement touchées : les Ivoiriens les plus pauvres ont vu leurs revenus chuter de 30% tandis que quelque 1,37 million de ménages, soit 45,2% des ménages Ivoiriens, viennent de repasser en dessous du seuil de pauvreté. Pour la plupart, la crise affecte leur capacité à respecter leurs engagements tels que le remboursement de leurs dettes, leur financement des frais de scolarité ou même leur sécurité alimentaire.

Pour Carol Flore-Smereczniak, Représentante résidente du PNUD en Côte d’Ivoire « La crise COVID-19 est un appel urgent à revoir nos valeurs et nos comportements, et une opportunité pour ouvrir une nouvelle ère de développement ».  Elle ajoute que « cela nécessite des politiques proactives qui répondent à toute une série de défis systémiques ».

Les études ont été menées conjointement avec l'Institut national de statistique et les résultats validés par le Ministère de la planification et du développement. L'évaluation est l'une des plus de 60 analyses au niveau des pays sur l'impact de la pandémie sur le monde (en anglais).

Les recommandations suivantes visent à appuyer la réponse et le relèvement :   

  • Soutien rapide aux entreprises et aux banques
  • Suspension de l'impôt sur les sociétés
  • Suspension des taxes à l'importation
  • Remboursement des taxes sur la valeur ajoutée, qui touchent de manière disproportionnée les pauvres.
  • Subventions au secteur informel, et suivi d'impact
  • Examiner si et comment formaliser les entreprises informelles – ce qui offrirait aux travailleurs davantage de protection sociale
  • Surveiller de près la santé des personnes vulnérables, telles que les personnes âgées
  • Travailler avec le secteur financier pour soutenir les ménages vulnérables
  • Surveiller et atténuer les pénuries alimentaires, en partenariat avec les syndicats, les travailleurs des transports et les consommateurs.

 

Notre travail sur place

En Côte d’Ivoire, le PNUD utilise des drones pour désinfecter les espaces urbains et renforce la numérisation de services pour approvisionner les personnes dans le besoin. Nous avons aussi soutenu la réouverture du seul centre d’aide de la capitale pour les victimes de violences sexuelles face à l’augmentation inquiétante des cas. Nous avons également recruté, formé du personnel et aidé à accroître les capacités du centre national d'appels d'urgence, qui traite désormais quelques 7 000 appels par jour.

Face à la pandémie, nous avons fourni un financement d'urgence à la banlieue durement touchée de Cocody sur des bases qui se verront bientôt reproduites dans d'autres communautés, ainsi que des équipements de protection individuelle à deux hôpitaux universitaires et huit établissements de santé.

Avec le soutien du Japon nous avons aussi fourni 80 motos et une grande quantité de matériel de protection à la police ivoirienne pour épauler leur encadrement des élections présidentielles prévues pour Octobre 2020 comme pour améliorer leur réponse à l’augmentation des violences sexuelles dans le pays.