Déclaration de l'Administrateur du PNUD à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté

16 octobre 2023

L’emploi devrait être un moyen de sortir les personnes de la pauvreté, mais cela n’a de sens que si cet emploi est d’une qualité suffisante, du point de vue de sa sécurité, de la suffisance des revenus qu’il rapporte et de la sûreté de l’environnement de travail.

Photo : PNUD Mali / Imen Meliane

Les efforts déployés par la communauté internationale pour donner aux populations les moyens de se libérer du fléau de la pauvreté ont permis de réaliser des avancées remarquables. Par exemple, la proportion de travailleurs vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde a été réduite de moitié, ayant été ramenée de 14,3 % en 2010 à 7,1 % en 2019. Pour autant, dans le monde, l’emploi ne garantit pas à un travailleur sur cinq des conditions de vie décentes : quelque 630 millions de personnes sont encore considérées comme des « travailleurs pauvres ». En effet, la pandémie de COVID-19 a inversé les tendances positives récentes, lesquelles ont été exacerbées par la suite par une crise dévastatrice du coût de la vie qui a fait basculer des millions de personnes dans la pauvreté partout dans le monde. Si les projections actuelles se confirment, ce sont quelque 7 % de la population mondiale qui vivront encore dans l’extrême pauvreté d’ici la fin de la décennie en cours. Alors, comment pouvons-nous façonner activement un autre avenir ?

- Premièrement, les pays doivent réunir les conditions propices à la création d’emplois décents en travaillant en coopération avec le secteur privé, source d’environ 90 % des emplois dans les pays en développement. Plus particulièrement, il faudrait mettre l’accent sur la croissance inclusive, l’emploi et la réduction de la pauvreté tout en œuvrant à la décarbonisation et à une transition énergétique juste. C’est l’un des principaux messages qui se dégagent de la nouvelle série de rapports SDG Insights du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui présentent des exemples concrets de pays, à l’instar de l’Iraq qui diversifie son économie en stimulant les possibilités d’emploi, loin des combustibles fossiles, dans la poursuite d’un développement plus vert et plus inclusif. Les femmes sont également au centre de l’appui du PNUD. Qu’il s’agisse de soutenir des réseaux d’énergie de substitution en Afrique subsaharienne ou la récolte de baies d’argousier dans l’Himalaya, le PNUD crée les conditions permettant de s’assurer que les femmes disposent des compétences et des ressources nécessaires pour bâtir leur propre richesse. 

- Deuxièmement, les pays doivent avoir les moyens d’apporter un soutien vital aux personnes en situation de pauvreté. Selon des analyses du PNUD, quelque 165 millions de personnes ont basculé dans la pauvreté entre 2020 et 2023, le service de la dette ayant évincé les dépenses dans des domaines cruciaux comme la protection sociale, la santé et l’éducation. Les pays à faible revenu sont susceptibles, en moyenne, d’affecter plus de deux fois plus de financements au service de leur dette qu’à l’assistance sociale. Pourtant, des solutions telles que la proposition du PNUD de mettre en pause la spirale de l’endettement et de la pauvreté pourraient mettre un frein à cette augmentation de la pauvreté et en extraire les 165 millions de personnes disposant de moins de 3,65 dollars par jour pour vivre. Le coût est estimé à environ 14 milliards de dollars, soit à peine 0,009 % du produit intérieur brut (PIB) mondial en 2022.

- Troisièmement, il est nécessaire d’aller au-delà du PIB pour concevoir les paramètres de mesure pour le futur si nous voulons réellement nous attaquer aux causes profondes de la pauvreté et faire avancer la réalisation des Objectifs mondiaux. Nous devons nous appuyer sur un ensemble de données et ne pas nous contenter de classer les personnes comme étant « pauvres » ou « non pauvres » selon qu’elles gagnent ou non 2,15 dollars par jour. Il faudrait plutôt examiner l’intersectionnalité des privations, c’est-à-dire les schémas récurrents de la pauvreté qui ont généralement un impact sur la vie quotidienne des populations à travers le monde, afin de mieux s’y attaquer. En effet, au-delà du PIB, c’est l’un des points centraux du programme de réformes du Sommet de l’avenir en 2024 (Summit of the Future in 2024) – un domaine où l’Organisation des Nations Unies (ONU) fait progresser la réflexion mondiale, guidée en cela par l’approche du développement humain.

En tant qu’institution spécialisée de l’Organisation des Nations Unies, le PNUD s’est engagé à repousser les limites pour reléguer la pauvreté dans le passé. C’est une approche ancrée dans la dignité, où les personnes ont priorité sur le profit.

Cette année, le thème retenu pour la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté qui sera célébrée le 17 octobre 2023 est « Travail décent et protection sociale pour mettre la dignité en action ». Lire le dernier article phare du PNUD sur la pauvreté