Une nouvelle approche en matière de déchets solides en Libye

ONU Développement
4 min readApr 17, 2020
Un nouveau camion poubelle livré par le Centre de stabilisation pour la Libye nettoye les rues de Bani Walid. Photo: © PNUD Libye / Malek Elmaghrebi

Alors que les heurts persistent entre factions gouvernementales en Libye, les quartiers des villes principales sont devenus de véritables champs de bataille, entravant le fonctionnement des services publics.

La gestion des déchets est l’un des secteurs les plus touchés. À Tripoli, les municipalités ont délégué le travail à des entreprises publiques qui se débarrassent des ordures dans des décharges désignées.

Mais la décharge principale, Sidi Sayeh, se trouve être dans une zone de conflit et donc inaccessible, ce qui occasionne un cumul des déchets dans les rues. Si des camions de ramassage passent de temps en temps pour déplacer les ordures sur des sites temporaires, la démarche est loin d’être respectueuse de l’environnement.

Gauche: Les ordures s’accumulent dans les rues de Tripoli. Droite: Des camions poubelles déversent les déchets dans la Mer Méditerranée, Tripoli.

Pour venir en aide aux résidents de ces villes croulant sous les déchets, les autorités nationales lancent une nouvelle stratégie structurée autour de l’efficacité de la collecte et de l’élimination des ordures. Cette intiative sera testée dans neuf municipalités différentes pendant un an.

L’Accelerator Lab du PNUD Libye se joint à ces efforts en examinant les moyens de diminuer la production de déchets et d’inciter les personnes à trier leurs détritus dans les zones non prises en compte par le projet pilote.

Différentes activités, y compris un « safari de solution » et des réunions avec des activistes, ont permis de trouver des idées innovantes et d’accélérer le processus. L’Accelerator Lab s’est notamment aperçu que la sur-utilisation de sacs plastiques à usage unique obtenus gratuitement auprès des magasins était la cause principale des problèmes environnementaux du pays.

L’Accelerator Lab de Libye a tenu un « safari de solution » et des réunions avec des activistes. Photo: © UNDP Libya/ Malek Elmaghrebi.

Selon la Banque mondiale, le monde a généré en 2016 242 millions de tonnes de déchets plastiques soit 12% de l’ensemble des déchets solides municipaux.

En Libye, la ville de Tripoli produit près d’1 million de tonnes de déchets solides par an. Une étude menée en 2002 par le Centre technique pour la Protection de l’environnement libyen indiquait que 13,17% de ces déchets étaient en plastique, ce qui signifie qu’à elle seule, la ville de Tripoli produit 131 615 tonnes de plastique en un an.

Bien que cette étude date, elle souligne déjà la place de l’utilisation quotidienne d’emballages plastiques dans l’augmentation des déchets en Libye, principalement des bouteilles d’eau et des sacs en plastique distribués gratuitement dans tous les types de magasins.

Des volontaires ramassent les ordures sur la plage d’Al Andalus, Tripoli. Photo: © PNUD Libye / Ahmed Bhih

En obstruant les égouts, ces déchets plastiques ont causé des inondations dans plusieurs rues de Tripoli. L’incinération des ordures pour limiter le débordement de poubelle a aussi empiré les maladies respiratoires.

Pour mieux cerner les tendances et les problèmes de gestion des déchets dans le pays, le Lab a mené un atelier encourageant l’intelligence collective et les idées créatives et tenu des discussions avec des membres du Gouvernement et d’organisations non-gouvernementales.

Parmi les difficultés récurrentes figurent le manque de connaissances et l’absence de plaidoyer de la part des médias par rapport à la réduction et au tri des déchets. Il est aussi apparu que les lois et sanctions relatives au gaspillage n’étaient pas appliquées. Enfin, les activités de recyclage sont peu rentables et rendues compliquées par le manque de moyens et d’infrastructures adaptées.

Eboueurs à Bani Walid. Photo: © PNUD Libye / Malek Elmaghrebi

Parmi les propositions du Lab pour répondre au problème:

  • placer des bacs de recyclage dans les zones publiques et au sein des bâtiments publics;
  • faire appliquer une loi déjà en vigueur pour empêcher l’utilisation de sacs plastiques dans les boulangeries;
  • faire campagne contre l’utilisation de sac plastiques à usage unique tout en proposant des alternatives dans les magasins;
  • sensibiliser l’opinion publique avec l’aide des médias traditionnels et des réseaux sociaux; et
  • cibler les grandes enseignes pour réduire les déchets grâce à des produits réutilisables.

Dans les semaines à venir, les activités du Lab consisteront à tester les résultats obtenus et à mettre les projets pilotes à échelle.

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