Pas de risque d’Ebola dans les prisons de Sierra Leone
25 mai 2015
Un surveillant contrôle sa température à la prison de haute sécurité de Freetown. Photo: Matthew Taylor / PNUD
Freetown, Sierra Leone - La prison centrale de haute sécurité de Freetown est faite pour seulement 324 détenus. Aujourd'hui, ils sont plus de 1400 à s'y entasser.
Cellules bondées, registres mal tenus et autorités peinant à trouver les ressources nécessaires caractérisent l'établissement. Et, pour couronner le tout, la menace d'Ebola s'éternise.
« Même un seul cas serait une catastrophe », prévient Pious Bockarie, spécialiste de la gouvernance locale au PNUD. « Avec la très forte promiscuité, le risque de transmission est réel ».
Mais, au plus fort de l'épidémie, le PNUD a su réagir vite pour éloigner Ebola des prisons.
« Le PNUD n'a perdu de temps et a immédiatement ouvert un centre d'observation et d'isolement », explique le commissaire principal James Tarawally, du service correctionnel de la prison.
« Les détenus nous arrivent des cellules des commissariats de police et des tribunaux. Ils sont mis en observation pendant 21 jours [période d'incubation d'Ebola] », explique-t-il.
Selon Bockarie, « avec le nouveau centre et les contrôles sanitaires réguliers, aucun détenu ne doit être admis dans la prison principale sans autorisation médicale ».
À ce jour, le PNUD a aidé à former 186 agents pénitentiaires à la lutte contre la transmission du virus Ebola. Des équipements de protection individuelle, des désinfectants et d'autres articles ont été distribués afin de protéger détenus et surveillants.
« La maladie peut réapparaître. C'est pourquoi nous devons rester sur nos gardes », prévient Dennis Hermann, directeur des ressources humaines au Service des affaires correctionnelles de Sierra Leone. « Nous remercions le PNUD de son appui », ajoute-t-il.
Selon Orla Kelly, chargée des droits de l'homme au PNUD en Sierra Leone, le projet se renforcera et, avec le recul d'Ebola, assignera de nouvelles missions aux centres d'observation.
« Nous construisons des unités d'observation dans quatre autres établissements correctionnels du pays », assure-t-elle. « Nous envisageons d'en faire, plus tard, des centres de réhabilitation, notamment des centres de formation, des ateliers, des bibliothèques, etc. pour préparer la réinsertion sociale des détenus ».
L'épidémie à virus Ebola a soumis le système judiciaire sierra-léonais à rude épreuve. Pendant l'état d'urgence, les arrestations se sont multipliées alors que l'activité judiciaire était au ralenti, voire à l'arrêt. D'où, une augmentation des prévenus et du surpeuplement des prisons.
« Le surpeuplement carcéral et l'accumulation de dossiers en souffrance font partie des principaux manquements du pays en matière de droits de l'homme », souligne Kelly.
« Beaucoup de prévenus restent en prison simplement parce qu'ils ignorent comment demander la liberté provisoire ou faute d'avocat », ajoute-t-elle.
Depuis janvier 2015, le PNUD aide à vider les dossiers en souffrance grâce à une assistance judiciaire à plus 500 prévenus, dont 395 ont déjà été libérés.
Nous avons également amélioré la tenue des registres carcéraux afin d'éviter que des prévenus languissent en prison parce que les autorités ont égaré leur verdict.
L'appui aux plus vulnérables constitue un axe prioritaire du plan national de relèvement post-Ebola, qui ambitionne de réaliser et de pérenniser l'objectif zéro cas et de s'attaquer à des priorités comme l'offre de soins de santé et d'autres services.
Pour accompagner le gouvernement, le PNUD prépare son propre plan de relèvement. Étalé sur 18 mois, ce programme entend « renforcer les capacités de l'État à coordonner le relèvement, aider à maîtriser toute nouvelle épidémie, prendre en charge l'impact socio-économique de la maladie et renforcer la résilience des communautés touchées », explique Sudipto Mukerjee, directeur de pays du PNUD en Sierra Leone.