Des écoles participent à la paix au Soudan

À Mazmoon dans l’état de Sennar, la situation est tendue. Dans ce village normalement tranquille de la pointe sud-est du Soudan, près de 4 000 rapatriés soudanais, dont 1 800 ex-combattants, essayent de reconstruire leur vie dans la petite communauté. Parmi les nouveaux venus, nombreux sont ceux qui ont abandonné leurs pâturages dans le sud et fui au-delà de la frontière lorsque le Soudan du Sud a déclaré officiellement son indépendance en juillet 2011.
L’augmentation de la population à Mazmoom préoccupe ses résidents, qui craignent que cela mette à rude épreuve les ressources locales, engendrant des tensions entre les villageois installés de longue date et les nouveaux arrivants.
A retenir
- Le Programme de désarmement, démobilisation et réintégration est mené par le PNUD au Soudan pour un portefeuille de 75 millions de dollars.
- Un forum permet de résoudre les différends et questions concernant l’accès aux services de base et autres mesures nécessaires pour l’hébergement des rapatriés.
- Les activités proposées par le centre communautaire vont des cours de mathématiques et de lecture aux discussions sur les alternatives à la violence armée, sur la résolution des conflits et la consolidation de la paix.
Pour faire face à cette source de violence potentielle, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a aidé les villageois à construire et équiper une école primaire et un centre communautaire pour un montant 120 000 dollars EU. En plus de fournir un enseignement précieux dans la région, l'école s’avère cruciale pour réduire les tensions et réintégrer pacifiquement les rapatriés dans la communauté.
« Dans une région où les disputes tribales sont souvent résolues avec des Kalachnikovs (ou des conflits violents), les consultations communautaires sont essentielles pour éviter les conflits entre agriculteurs et communautés pastorales », déclare Noori, Directeur général d’Elnasaiem, une ONG locale qui met en œuvre le projet pour le PNUD.
Le PNUD a fourni à Elnasaiem des financements, une formation et des services pour établir un comité de sécurité communautaire et de contrôle des armes. Le comité utilise la nouvelle école pour organiser des cours du soir sur les dangers des armes légères et de petit calibre, sur les alternatives à la violence armée, sur la résolution des conflits et la consolidation de la paix. « Nous désirons montrer que l’utilisation des armes a un prix, et qu’au lieu d’assurer la sécurité, elles contribuent à l’instabilité et à l’insécurité », dit Noori.
C’est dans ces bâtiments également que sont formés les enseignants et que les femmes locales viennent suivre des cours de mathématiques et de lecture. Plus de 2 000 membres de la communauté ont utilisé ces services jusqu'à présent.
Le PNUD et Elnasaiem se sont aussi lancés dans un projet sur six mois proposant un forum qui permettra à ceux engagés dans un conflit de résoudre leurs différends, et d’entretenir des contacts avec le gouvernement sur des questions concernant l’accès aux services de base et autres mesures nécessaires pour l’hébergement des rapatriés provenant du sud du Soudan. » La résolution des litiges touchant l’attribution de sols ou opposant des agriculteurs et des éleveurs de bétail fait partie des problèmes courants que le forum a permis de régler.
« Nous avons pu parler au gouvernement au nom de la communauté », affirme Ahmed, 60 ans, qui a récemment utilisé le forum pour résoudre un conflit avec son voisin. « Nous avons pu expliquer la situation sécuritaire à nos rapatriés du sud du Soudan. Afin de réduire les conflits éventuels entre les agriculteurs et les pasteurs, le gouvernement national a répondu au comité de sécurité – en attribuant à la fois des itinéraires de parcours pour les animaux et des terres aux rapatriés du sud du Soudan. »
Le projet a reçu le soutien des gouvernements du Japon et de la Norvège et fait partie d'un portefeuille de 75 millions de dollars consacré par le PNUD aux activités de désarmement, dans le cadre du Programme de désarmement, démobilisation et réintégration au Soudan. Le Gouvernement soudanais a fourni des sols et du personnel pour le centre communautaire et l’école et prévoit d’ajouter quatre nouvelles salles de classe et deux bureaux à ces établissements.